C'est le Consul de France
qui a la charge de protéger les Franciscains. De la chapelle, Monsieur
le Consul passe à ses nouveaux bureaux déjà tout encombrés
d'archives. Les mongols en ont bien brûlé quelques-unes mais
il y en a encore tellement.... 1207... Entraîné par l'exaltation,
Bartolomeo évoque pour lui-même son lointain prédécesseur,
Pietro Marignoni, figure consulaire légendaire. Il avait traité
avec le fils de l'illustre Saladin. C'était de la grande diplomatie.
Depuis que le Sultan Soliman, que l'on appelle le Magnifique, il y a trois
ans, a offert à la France un consulat à Alep et donc un consul,
à qui il a donné préséance sur les autres consuls,
il n'y a plus pour Venise que le commerce. Et
encore...
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Il faut compter sur les
Portugais et les nouvelles voies maritimes. Bartolomeo se sent un peu las
ce matin. Rien n'est prêt ! Il s'assoit derrière son bureau.
L'exaltation
retombe. Il récapitule...
Les cadeaux pour le Pacha.
Antonio ! Antonio ! Prévoyant, Bartolomeo a préparé
pour cette occasion les cadeaux d'usage : ce que tous les consuls, en grande
pompe, offrent au respecté Pacha du redouté Sultan ottoman.
Le Pacha goûte peu les surprises, à moins qu'elles ne couronnent
les présents habituels. Quatre robes de soie
pour le Pacha. Du
satin pour les autres. La plus belle soie. Le plus beau satin. Pour
Venise, c'est chose facile. N'est-ce pas la Sérénissime qui
en a développé le commerce ? Tous les fournisseurs se sont
fait un plaisir et un devoir d'obliger le Signore Soranzo.
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