Diégèse


samedi 22 juillet 2000




2000
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L'atelier du texte
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à venir et déjà passé

Il a fait beau sur Paris. Assez pour que le jour se passe sans gris et sans grisaille. J'ai acheté un billet d'avion, ce qui me plonge toujours dans le doute le plus froid. Je regarde les coupons et je me dis que ces feuillets froissables facilement vont devenir attente à l'aéroport, garants de bagages, qu'ils vont rester dans une pochette dans la valise et qu'ils connaîtront ainsi la touffeur des jours dans l'aride de l'île, la fraîcheur des nuits, la poussière et l'odeur particulière des poutres de la maison. Et puis ils serviront au retour. Ils seront tenus par une main plus bronzée et ils périront dans la poubelle qui se remplira de quelques vêtements qui n'auront pas résisté au sel et au soleil, de papiers sans objet, de ce que l'on jette toujours quand on revient de vacances.















déjà passé et à venir





J'ai dîné avec K. et quand je dîne avec elle, c'est toute la littérature et la peinture qui sont convoquées. La littérature, c'est celle du monologue, une Sarraute qui aurait bu, une Duras qui oublierait d'aimer. La peinture, elles est marquée d'art brut, c'est Séraphine quand elle est folle et puis mes amis J. et L. Alors, je suis comme le grimpeur qui prend plaisir à sa souffrance. Je sens le dîner passer avec toute la lenteur et je m'abreuve de noms que je ne connais pas, que j'ai oubliés, que j'oublie.
Et malgré tout, je suis heureux, car il y a de la tendresse parfois dans le jeu de cette femme égoïste. Il y a parfois de la lumière quand elle évoque des rêves de bonté. Et puis il y a cette grosse dame triste et nous sommes tous, soudain, parfois, de grosses dames tristes.