Diégèse


mardi 5 février 2002




2002
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Toute cette région de Lombardie est un champ de bataille mêlé d'images passées avec des couleurs qui n'en sont plus. Lodi, comme un vieux souvenir qui tangue sur un souvenir d'amour. Pour m'accompagner, j'ai acheté des chansons d'amour et des morceaux d'amour, Billie Holliday, Songs for distingué lovers. C'est sans doute un peu surfait, nous ne sommes ni distingués, ni des amants. Je peux fredonner toutes les chansons, en pensant à des jours de pluie, à un temps de balades en rond, une tristesse malhabile. Mais le chuintement acide de la voix de Billie susurre que le monde peut être triste et élégant et que cette élégance suffit à justifier la souffrance des histoires d'amour. Je cherche le souvenir du quartier de Marseille qui porte le même nom que la ville déchue, célèbre désormais d'être enfouie dans les passages incessants, jamais un arrêt, et nul regards. Mais, au bout de la promenade lassée, dans le seul café de Lodi qui reste ouvert, lumières sombres le soir, me rappellerai-je longtemps les cheveux noirs et la peau blanche. Les cheveux comme teints, les lèvres un peu rosies par le vin, l'idée même de parler, l'idée même d'être là l'enchantait, lui ployait la tête avec grâce dans la conversation toute faite d'anecdotes, pour l'endormir, pour séduire, pour jouer à être célèbres et à être intéressants, tous, autour, affamés et sans aucune pitié pour sa jeunesse qui s'excuse, qui tente de donner le change, par un maintien impeccable, une idée de soi qui se construit avec douceur, une idée qu'il n'y a rien de mal, que c'est comme ça, que c'est mieux comme ça, que cela viendra plus tard. Personne n'a remarqué ma fascination.










5 février















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