 |
Il
était facile, de Mondovi, de rejoindre la montagne, d'aller jouer
un peu avec la neige molle des premières pentes, de regarder les
pisteurs italiens, la
tête enfoncée dans des capuches aux bords noircis par le frottement
de peaux desquamées. J'ai emmené avec moi le jeune couple
qui sert les petits déjeuners à l'hôtel, pour faire
semblant de briser la solitude. Je goûte leur conversation que je
ne comprends pas, m'évadant dans le souvenir d'une vie trop
occupée,
me souvenant de nos promenades pressées quand nous
n'avons pas le temps de humer l'air doux, quand il faut courir et faire
l'important. Et dans toute cette agitation, il n'y a pourtant que mes
téléphones
qui ne sonnent pas, qui ne me disent rien de toi, qui dois faire je ne
sais quoi, dans cette vacance de moi que tu affectionnes. Ton
souvenir
rejoint l'Italie, monte et descend les pentes avec moi et le
silence de la montagne devient ton silence même, qui dégorge
la mémoire, qui dessale, qui sue la peine et déambule
étrangement derrière mes yeux, un peu de folie. Prendre
un thé trop chaud à Frabosa Soprana, endormie, déjà
dans la nuit. |