Toutefois une
attention plus
scrupuleuse rend manifeste que l'existence ne peut pas plus être
séparée de l'essence de Dieu que, de l'essence du triangle,
la somme des trois angles égale à deux droits, ou, de l'idée
de montagne, l'idée de vallée ; si bien qu'il n'est ni
plus ni moins contradictoire de penser un Dieu (c'est-à-dire un
être souverainement parfait) dépourvu d'existence (c'est-à-dire
dépourvu de quelque perfection) que de penser
une montagne dépourvue de vallée.
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Pourtant,
je ne suis pas certain que, parvenant à penser l'existence
de Dieu, je ne suis pas capable de penser aussi une idée de montagne
entièrement dépourvue de l'idée de vallée.
Quand les Grecs mettent leur panthéon entier sur une montagne ou
lorsque l'imagerie populaire place Dieu sur une montagne, l'une et
l'autre
image s'épargnent complètement l'idée de vallée.
Sans doute cependant cette idée revient-elle en douce dans l'expression
qui fait de la vie « une vallée de larmes ».
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