Sentir
? Cela non plus ne se fait pas sans corps, et il m'a semblé sentir
quantité de choses, pendant le sommeil, dont je me suis aperçu
ensuite que je ne les avais pas senties. Penser ? Cette fois, je
trouve
: ce qui est, c'est
la
pensée. Elle seule ne peut être détachée
de moi. Je suis,
j'existe, moi ; cela est certain. Mais combien de
temps
? Bien sûr, autant
de temps que je pense ; car peut-être même
pourrait-il se faire, si je n'avais plus aucune pensée, que, sur
le champ, tout entier je cesserais d'être. |
Et
pourtant ma
pensée est détachée de moi, elle est
imprimée par le vent, par le paysage docile de l'autoroute qui
défile sous le ciel nuageux. Si je pense à l'enfance, suis-je
cet enfant ? Si je pense à demain, suis-je moi, qui existe demain ?
Combien
de temps encore quand la pensée peut brutalement s'opposer au cours
du temps. Suis-je toujours quand je pense ? Qui pense aussi ?
Dans
le
sommeil qui vient où la pensée se dilue, est-ce que je me
dissous ? Suis-je toujours ? |