Diégèse


mercredi premier février 2006




2006
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L'atelier du texte
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avant le texte
le texte
Le courage. C'est le courage. Il s'agit du courage. Le courage de considérer le passé ou le courage, plutôt le courage de considérer le souvenir, ou plutôt considérer l'écriture du souvenir, non pas la narration du souvenir mais son écriture, une écriture qui lui serait dédiée. Et c'est donc d'abord le courage qui manque.
Ce qui se passe entre A. et B. est de l'ordre du souvenir, est de cet ordre-là, dans l'attente que le souvenir de ce qui s'est passé revienne, revienne vraiment, pour que les personnages puissent vraiment partir, puissent quitter la scène, la scène chaotique du texte qui s'écrit dans l'ignorance entière de ce que pourrait bien être un souvenir, un de leurs souvenirs. Mais il y a le texte, le texte qui demande du courage.

A. :Tu ne m'as pas manqué.

B. :Je t'ai manqué. On manque toujours, tout et de tout.


A. :Tu es dehors maintenant, tu es dans les rues, tu peux accrocher des souvenirs, si tu veux, si tu as juste un peu de courage, tu peux accrocher des souvenirs à chacun des lampadaires de la ville, tu peux donner à chaque lampadaire un souvenir particulier et tu peux guetter ensuite chaque soir l'allumage du lampadaire que tu as choisi pour ce soir-là, le souvenir de ce soir-là, et tu peux ainsi accrocher ta mémoire dans la ville, déployer toute ta mémoire dans la ville, toute ta mémoire, la vider dans la ville et l'agencer en utilisant le réseau complexe mais prévisible des lampadaires urbains.


B. : Pourquoi est-ce que je ferais cela ?


A. : Pour ne plus me manquer.


B. : Pourquoi est-ce que je ferais cela ?


A. : En mémoire.


B. : Mais je pourrais tout aussi bien parcourir la ville en décrochant de chaque lampadaire, de chaque lampadaire urbain, en décrochant consciencieusement les souvenirs des autres, tous les souvenirs qu'ils ont accrochés là et qui pendouillent là, et qui pendouillent là parfois depuis longtemps, et retrouver parfois, parmi les souvenirs accrochés, un de mes souvenirs oubliés, qui pendouillerait aussi, un peu lamentablement, au milieu de tous les souvenirs des autres.

A. : Tu le reconnaîtras ?

B. : ...


A. : Tu le reconnaîtrais, ce souvenir oublié ?


B. : Peu importe. Je pourrais faire semblant.





après le texte
B. manie bien l'art de la déception et c'est un art complexe, c'est un art que l'on apprend longtemps, que l'on apprend depuis l'enfance, que l'on apprend par des entraînements intensifs auprès desquels l'apprentissage du violon est une rigolade, une bonne rigolade à côté de l'apprentissage patient, déterminé, massif de la déception. Et malgré tout cet apprentissage, cet apprentissage tout au long de la vie, on oublie toujours, on oublie toujours ce que peut être la déception, ce qu'elle doit être, comment elle arrive, les dégâts qu'elle provoque et les bouleversements, les grands bouleversements. On oublie ce qu'elle éteint et l'on oublie qu'elle pèse.

A., cependant, résiste assez bien à la déception, à l'art de la déception, à l'art déceptif de B. 


Il résiste bien car il a la parade, il a la parade juste. Il peut aussi s'absenter.











premier février










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Offrir une démocratie inutile. ...car tout ce qui tombait sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou le toucher, ou l'ouïe, a désormais changé. Un artiste allumait un à un les lampadaires de  la rue. Une destruction forte et tout s'est trouvé chamboulé. C'est d'abord le courage qui manque. Si tu n'as pas senti mon amour et si tu n'as pas croisé ma peine, je ne peux rien.