Diégèse


vendredi 13 janvier 2006




2006
ce travail est commencé depuis 2205 jours (32 x 5 x 72 jours)
et son auteur est en vie depuis 16658 jours (2 x 8329 jours)
ce qui représente 13,2369% de la vie de l'auteur
trois cent quinze semaines d'écriture
hier

L'atelier du texte
demain










avant le texte
le texte
Quand est-ce que ça va commencer, le texte, que ça va commencer vraiment ? Est-ce que l'on est encore au début de l'année ? Le texte commencera vraiment quand on ne sera plus au début de l'année. Le début de l'année, c'est la première semaine de janvier, puis les deux premières semaines de janvier, le mois de janvier, et aussi le mois de février, et le premier trimestre, jusqu'à l'été. Non. Pas jusqu'à l'été, jusqu'en avril, dernier délai, vraiment dernier délai, délai impératif, avril, le mois d'avril. Après le mois d'avril, ce n'est plus le début de l'année et ce ne peut donc plus être le début du texte. Il faudra nécessairement que le texte ait commencé. Il faudra absolument que le texte ait commencé.
Et le milieu de l'année, cela dure combien de temps ?
Et la fin de l'année, cela commence quand ?

L'autre homme approche, s'approche et se place derrière le téléviseur, face à l'homme assis sur le fauteuil, celui qui se tait, celui qui vient de dire qu'il va se taire, celui qui voudrait être nommé et qui lie, qui relie ce souhait d'être nommé, ce désir d'être nommé, qui le relie à l'amour, à la possibilité d'aimer, d'aimer vraiment et d'être aimé, à la possibilité ou à l'impossibilité d'aimer vraiment, le nom, la nomination.
« Tu veux quoi ? Tu voudrais quoi ? Tu voudrais que je t'appelle comment ? Tu voudrais que je te fixe comment, que je te cloue sur ce fauteuil avec un prénom, avec un surnom, avec un petit nom, avec un nom, juste un nom ? Tu veux que je t'appelle comment ? Tu veux que je te dise quoi ? »
« Raconte-moi un peu la vie d'avant, quand il y avait des villages, une campagne, des bancs dans la campagne, des bancs dans la campagne pour écrire quelques mots. Raconte-moi la vie d'avant, que je sache, que je me persuade bien que j'existe, puisqu'il y a cette vie, toute cette vie d'avant. »
Il se lève. Les deux hommes sont de chaque côté du fauteuil. Ils regardent dans la même direction. Il disent en même temps, exactement en même temps : « Je suis, j'existe, moi. » sans forcer la voix, avec une voix neutre, une voix blanche, une voix d'évidence.





après le texte
Je ne sais pas encore quel est le lien entre les deux hommes, je ne sais pas, Monsieur Pinter, et j'ai peur de les nommer A et B, ces deux personnages masculins, sur une même scène, sur la même scène, sur le même terrain, sur le terrain de l'amour, sur le terrain de la possibilité de dire l'amour, de dire l'amour avant d'aimer, avant d'aimer vraiment ou de découvrir l'impossibilité d'aimer vraiment.
Je ne sais pas si ces deux hommes sont frères, amis, amants, père et fils, fils et père. Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. En fait je ne veux pas le savoir. De leur relation, de la définition finale, précise, déterminée, identifiée de leur relation ne dépend pas et ne doit pas dépendre le texte, son commencement, le commencement du texte. De la même façon, le texte ne dépend pas de la couleur de peau des deux hommes, de leurs caractéristiques physiques, ni même de leur âge. Ils ont, je crois, pour autant que je le sache, ils ont, je crois, entre dix-huit ans et la soixantaine. Plus précis, plus fin que ça, je ne sais pas, je ne crois pas savoir.











13 janvier










2005 2004 2003 2002 2001 2000




Compter jusqu'à deux millions. Je suis, j'existe, moi. Ne plus savoir ce qu'il faut devenir. Un banc dans un village pour écrire quelques mots. L'impossibilité d'aimer vraiment. Raconter la vie d'avant.