Diégèse


mardi 17 janvier 2006




2006
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L'atelier du texte
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avant le texte
le texte
Et pourtant, ce n'est pas une prison. Les personnages ne sont pas en prison. L'espace est trop vaste pour figurer une prison. Mais ils sont dans un espace qui figure un espace et cet espace n'est pas spécifié. C'est l'espace, c'est un espace qui doit laisser possible le souvenir, qui doit le laisser venir, qui doit le laisser poindre, sans le brusquer, sans le forcer, qui doit le laisser advenir, advenir vraiment, rejoindre la fiction pour rejoindre le monde, venir à la fiction pour rejoindre la vie, cette vie.
Mais les personnages pourraient tout aussi bien aller dans un autre paysage, pourraient aller à l'extérieur, pourraient sortir dans un espace qui figurerait un espace extérieur et qui pourrait avoir été filmé à l'extérieur. Il y a des souvenirs d'intérieur et des souvenirs d'extérieurs, quand il y a des souvenirs.

A. : Perdu. Oui. Perdu. Perdu complètement. Mais la perte, c'est une habitude. On ne s'habitue pas mais c'est une habitude.

B. : Perdu.

A. : Oui. Perdu. Tu t'en souviendras. Tu t'en souviendras. Et je me demande d'abord si tu t'en souviendras et je profère ensuite une vague menace.

B. : Perdu. Encore perdu. Tu vois, tu dois te servir, tu dois te servir à toi-même tes propres didascalies pour que je me souvienne, pour que j'aie une chance, une chance minuscule de me souvenir, de me souvenir de notre conversation, de me souvenir de toi.

A. : C'est un jeu cruel, la mémoire. Je ne jouerai pas avec toi au jeu de la mémoire. Je vais perdre encore, je vais perdre, encore, je vais perdre encore et donne l'intonation que tu veux, que tu souhaites à ces je vais perdre encore. J'abandonne mes didascalies.

B. : Mais non. Ne te décourage pas. Je vais te donner un souvenir. Je vais te le donner vraiment. Il va devenir un de tes souvenirs, non pas un souvenir possible, un souvenir potentiel, mais un vrai souvenir, un véritable souvenir et tu ne te souviendras pas que je te l'ai donné.

A. : C'est un souvenir soldé. Perdu.





après le texte
« Ne te décourage pas. » C'est un premier mouvement de sollicitude. Pas de tendresse. C'est un premier mouvement d'attention, mais pas un vrai mouvement. On ne sait pas, à l'évidence, à qui s'adresse l'invite de ne pas se décourager. Au personnage, au personnage A. qui semble perdu, qui voudrait jouer, qui voudrait connaître les règles du jeu et qui ne les connaît pas, et qui perd, et qui perd toujours. Elle s'adresse au lecteur, au lecteur-spectateur, qui peut se décourager aussi de ne pas connaître les règles du jeu que jouent les personnages. Mais il a déjà bien été trimballé le lecteur, il a été habitué le spectateur, à ne pas comprendre, à ne pas comprendre les règles du jeu des personnages. On pourrait presque lui faire confiance. Il ne va pas se décourager. Et l'invite s'adresse alors à l'auteur, à l'auteur qui en premier, qui en tout premier lieu, pourrait se décourager, pourrait perdre vraiment, pourrait vraiment se perdre à déployer ainsi une exaltation mesurée, l'exaltation mesurée de la conversation.










17 janvier










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Souvenir soldé. Aux mondes des fictions du monde. San Remo. Comme une envie de gelato. Un paysage d'exaltation mesurée. Le possible du souvenir.