Je ne sais pas comment Noëmie
va tenir une semaine entière dans le patinage de l'absence d'événement,
elle qui semble souffrir le plus de cette absence d'événement,
de l'absence d'une histoire qui se déroulerait, qui la porterait,
qui lui donnerait du sens et qui justifierait ses didascalies, les didascalies,
ce pour quoi il paraît qu'elle a été engagée,
ce pour quoi il paraît même, il paraîtrait même
qu'elle a été appelée Noëmie.
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(Noëmie) : vous pourriez
sortir et vous pourriez aller beaucoup plus loin, encore beaucoup plus
loin et oublier les rues, oublier vos rues, oublier. Vous connaissez la
campagne, vous connaissez aussi la campagne. J'en suis certaine. Et vous
connaissez donc ces collines
pâles. Nous avons tous des
collines pâles dans la mémoire. Elles ne prennent de sens,
elles ne prennent vraiment leur sens qu'avec le sentiment amoureux, avec
l'amour, avec notre amour, avec le commencement et avec la fin de nos amours.
Et cela n'est pas toujours
triste.
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Il fallait bien que Noëmie
parle d'amour puisque Gustav a demandé de jeter les rues des rencontres
amoureuses. Il fallait bien que Noëmie parle d'amour puisque les
collines pâles sont le lieu de la mémoire amoureuse, non
pas le lieu de la rencontre amoureuses, mais le lieu symbolique de l'amour,
un symbole. Noëmie affirme que nous avons tous dans la mémoire
des collines pâles.
C'est curieux qu'elle puisse ainsi affirmer ces choses-là, à
la manière d'une romancière plus qu'à la manière
d'une didascalienne. Mais peut-être Noëmie deviendra-t-elle
romancière...
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