Hier, Noëmie
était
dans la plainte. Noëmie se plaignait. Et je ne sais plus vraiment
de quoi, vraiment pourquoi elle se plaignait, à quel niveau de la
diégèse, à quel degré de son personnage, de
ce personnage qui se plaint et qui peine à exister comme les
personnages
peinent à exister. Et Noëmie va repartir dans les paysages,
dans les collines, dans le soleil et il se passera peut-être quelque
chose, et il va bien se passer quelque chose. Et je m'ennuie, comme
Noëmie. |
(Noëmie) Je peux
rester
silencieuse. Je peux rester immobile. Je peux rester face à vous
silencieuse et immobile et ne plus demander d'histoire, ne plus
espérer,
ne plus souhaiter, ne plus attendre qu'il se passe quelque chose
puisqu'il
ne se passe rien, puisqu'il ne veut pas, puisqu'il n'attend pas,
puisqu'il
ne souhaite pas qu'il se passe quelque chose. Je reste silencieuse. Je
peux convoquer un décor, une image, une image projetée,
un soleil
changeant entre les arbres, une colline douce et rester
silencieuse,
immobile. Et je peux
alors
penser à d'autres villes et ne rien en dire, et ne vous en rien
dire. |
Il y a des moments, il y
a des jours où le texte aussi semble pris de fatigue, semble pris
de cette fatigue qui prend le mois de juin, qui l'étire, qui le
malaxe et lui fait dire que ce n'est pas si grave, qu'il peut ne rien
se
passer, que le texte peut ainsi défiler, avec ses mots et qu'il
n'y a pas de lecture, et qu'il n 'y a pas de lecteur, et qu'il n'y a
surtout
aucun lecteur possible.
De ces triptyques continus s'impose la fin
de la
lecture. |