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Je
dois me
souvenir de ce
départ vers l'Italie. Cette
frontière italienne est floue.
J'étais déjà en Italie et je n'étais pas encore
en Italie. Les paysages gardent la mémoire d'autres appartenances, d'autres envies de
voyage, d'autres envies. Je ne me rappelle pas
exactement
du départ. Ce départ particulier se confond avec tous les
autres départs. Je ne me souviens pas de mes compagnons. Je ne me
souviens jamais que de ma solitude. Je
crois que rien n'a jamais existé de ce que me représente
la mémoire menteuse. Nous partions. Nous connaissions
exactement toutes les étapes du voyage. elles étaient fixées
depuis plusieurs années. elles étaient fixées depuis
2002. Nous pouvions suivre sur les cartes routières toutes les étapes
de toute une année. Nous irons en Inde aussi, plus tard, au printemps.
Ce sera d'abord un hiver
italien. Gustav avait fait le voyage
auparavant.
Le voyage était une thérapie du souvenir. Il ne se souvenait
de rien. Il ne se souviendra de rien. Il
a une mémoire en morceaux. Bientôt, il
n'y aura plus que l'absence. L'histoire ne se construira donc pas
sur
sa mémoire. |