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Le
troisième jour à Vintimille,
ou bien le quatrième jour à Vintimille,
un de ces jours-là, après deux semaines de voyage, environ
deux semaines, Gustav avait renoncé à se souvenir et jusqu'aux
amours, et jusqu'à ses amours et jusqu'à ses nuits. Je me
suis demandé un temps s'il feignait de ne pas se souvenir pour
ne pas devoir nous dire ce qu'étaient ses nuits de Vintimille
six années plus tôt. Je me le suis demandé et je me
le demande encore car c'est chose plausible. Le silence et l'absence
se
ressemblent.
Et
puis, je
ne sais pas vraiment ce que j'écris, ce que je vis. Sans doute rien
qui ne vaille vraiment la peine d'être décrit, qui ne sache,
qui ne puisse. Toute la journée, l'angoisse qui revient comme dans
les très vieux textes tristes. Comme si le temps ne passait pas
vraiment et se reliait et se liait aux souvenirs en boucles.
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