« Faire
durer le temps ». C'est
ce qu'avouent les personnages. C'est aussi ce que font les souvenirs,
ce à quoi ils jouent sans jamais y parvenir complètement. Si les
souvenirs pouvaient parfaitement faire durer le temps, nous n'aurions
que des souvenirs agréables, parfaitement agréables. Mais nous nous
souvenons aussi de moments de temps qui n'ont rien d'agréables et faire
durer le temps pourrait tout aussi bien conduire à leur oubli. C'est
sans doute ce qui arrive à Gustav, le personnage principal de 2006 et de 2008 et s'il fallait
que je reprenne la course de ces personnages une autre année, ce serait
cela même que j'approfondirais.
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Écrire
n'est pas toujours cette « perpétuelle remise en mouvement du désir »
qu'évoque Barthes. C'est en tout cas une perpétuelle remise en
mouvement du temps. L'expression commune « arrêter le temps », qui
renvoie à une posture romantique enseignée à l'école avec « Le Lac » de
Lamartine,et qui de cette posture littéraire déteint vers l'acte
d'écrire, cette expression pourtant ne peut s'appliquer à l'écriture.
En écrivant, je n'arrête pas le temps, je peux le « faire durer » et dans
tous les cas, je lui interdis toute pause. Je brasse le temps, je le
pétris, je le manipule, j'écris.
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Le
paysage paraît immobile mais je suis plus immobile que le paysage.
Le
paysage demeure dans ses changements imperceptibles, dans ses
changements quand j'abolis en moi tout mouvement de peur de te perdre
encore. |