Montrer
des gens qui se portent des coups violents, même s'ils sourient sur un
fond musical de valse de Vienne, est transgressif, quand bien même il
s'agirait de cascades. Dès lors, il peut être intéressant de traquer ce
que le film ne transgresse pas. On remarque ainsi que les hommes sont
agresseurs et agressés, que l'homme de couleur n'est mis à terre que
par la femme... et que le film est coupé juste avant que celle-ci ne
reçoive un coup de skate-board sur le crâne. En apparence, le film ne
peut être accusé ni de machisme ni de racisme.La coupure, judicieuse,
fait que le film paraît acceptable.
Cependant, le spectateur qui accepte le pacte provisoire de cette micro
fiction qui voudrait que les personnages se battent pour la
télécommande du téléviseur ne coupe pas nécessairement le processus
fictionnel parce que le réalisateur coupe l'image et enlève le son.
L'image mentale continue et ce qu'elle montre est une ignominie, en
général, et en particulier si l'on considère le public cible de ces
chaînes musicales.
C'est ainsi qu'un film en apparence anodin est un film machiste et
raciste par sournoiserie.
