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Ce
qui s'écrit |
Daniel
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J'invente
des personnages mais je ne sais pas grand chose sur les personnages que
j'ai inventés car celui
qui écrit ne peut jamais tout écrire des personnages, qui excèdent
toujours le texte et passent un temps indéfini, long, dans des espaces
indéfinis, vastes. Alors je les ramène à Paris, dans un espace
saturé d'informations et de souvenirs comme pour mieux les surveiller,
pour mieux les apprendre. Je marche avec eux dans des rues bien
connues, m'inventant
des démarches
qui donnent place aux hanches et aux épaules, m'amusant des reflets
blancs sur les vitrines à mon passage. Je deviens un personnage moi
aussi. Je me perds avec eux. Je me souviens de cet été-là quand, arrivé à
Paris, j'ai loué une voiture, allant
un peu vite sur des routes qui se vidaient... |
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Gustav
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Quand
tu évoques des espace indéfinis et vastes, je pense à de la musique,
qui est de l'imaginaire pur, et je pense plus particulièrement à une
chaconne de Pachelbel que je connais depuis longtemps et il y a,
dans cette
chaconne de Pachelbel, des souvenirs à venir, que j'aurais éteints
en moi, provisoirement.
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Mathieu
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Quelles sont les relations
qu'entretiennent le texte et les lieux ? Aucune en fait. Tout
cela est pleinement fortuit. C'est cela l'idée même du décor, d'un
décor, faire semblant d'ajouter du signifié à un signifié qui ne
signifie pas. Que
penses-tu du
temps qui
s'ouvre ? |
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Noëmie
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Je
ne sais pas ce que tu veux dire. Tu
n'es peut-être pas à Paris car à Paris, cela change.
Signifiants et signifiés sont clairement séparés. Il suffit de regarder
la tour Eiffel pour en prendre soudainement conscience. Alors que le
monde est une émulsion instable du sens, Paris donne à voir la
structure même de son langage. Mais peu importe.
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