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Ce
qui s'écrit |
Noëmie
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Je
n'aime pas les divertissements. C'est ainsi. Quel que puisse être
l'intérêt d'une œuvre, si je soupçonne qu'elle pourrait me divertir un
peu, je m'en détourne. Je
me souviens ainsi avoir regardé des films de Guy Debord puis d'avoir décidé
de ne plus jamais aller au cinéma.
Je ne suis donc plus allée au cinéma car il n'y a rien de plus
divertissant que les images animées. Mais elles ne sont jamais
parfaites alors que pour autant
nous imaginons des utopies parfaites. Les œuvres de divertissement sont la monstration même de l'imperfection. Peut-il
y avoir gradation ou distinction dans l'imperfection... Mais cela ne m'intéresse pas.
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Mathieu
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Tu
as raison. Non seulement elles sont imparfaites, mais elles servent
aussi de supports de conversation mais pour cela il faut s'en souvenir
et l'on plonge alors dans les pièges du temps, de la temporalité. Or, pour
échapper au temps, pour échapper à la mémoire, pour échapper à la
nostalgie et pour échapper à toute référence, pour échapper à la
tentation de l'originalité, pour échapper à tout cela, et encore à
beaucoup d'autres choses, il faut échapper aux images, il faudrait vivre dans un monde sans images, ni fixes, ni animées.
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Gustav
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Je ne sais pas de quoi vous parlez. Les rues
sont presque toutes semblables.
Je ne me les rappelle jamais. Elles sont toutes semblables parce que ce
sont des images et que seraient-elles si elles ne l'étaient pas.
L'image n'est pas le souvenir de l'image. C'est en cela qu'elle peut
être une œuvre.
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Daniel
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Alors l'œuvre, ce sera le ciel avec le bruit d'un avion.
Pas le ciel. Ce sera un paysage avec le bruit d'un avion
et on ne verra pas l'avion,
on ne verra pas cet avion. Puis il y aura la Marseillaise puisque nous sommes le 14 juillet mais sans étendard
sanglant mais contre la tyrannie, toute la tyrannie, toutes les
tyrannies, même celles des images, œuvres ou non.
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