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Mathieu
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La durée...
Il y a le commencement, la question de commencer. Il y a la fin, la
terminaison, la question de terminer. Entre les deux, il y a la durée
et c'est cela le fantasme : la durée. Rien ne dure. Je n'évoque pas ici
l'éphémère mais bien l'imaginaire. La durée, le concept-même de durée,
c'est de l'imaginaire. C'est une mystification des sens
par la conscience. Les sens savent que rien ne dure vraiment. C'est
ainsi que l'on fait durer l'imaginaire au-delà du raisonnable. La
Rochefoucauld nous apprend que Notre
envie dure toujours plus longtemps que le bonheur de ceux que nous
envions. Ce qui fait la durée, ici, c'est l'envie, ce qui la
détermine. Et il en va de même pour le sentiment amoureux. Cesser
d'aimer, preuve sensible que l'homme est borné et que le cœur a ses
limites. C'est faiblesse que d'aimer. C'est souvent une autre faiblesse
que de guérir. On guérit comme on se console. On n'a pas dans le cœur
de quoi toujours pleurer et toujours aimer, nous dit La
Bruyère. C'est encore l'imaginaire qui nous dit où est la fin. Tout
cela renvoie peut-être ou peut-être pas à
des épisodes autobiographiques mais ces mentions
biographiques n'auraient aucun intérêt. En revanche, ce qui est
intéressant, ce qui vaut, c'est ce à quoi, à qui, le lecteur aura
connecté son propre imaginaire.
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