Diégèse | |||||||||
vendredi 25 avril 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Les parents se montraient
moins difficiles dans le choix
d'un gendre. Pierre se
disait que l'argent arrangerait tout, et qu'on passerait
aisément sur les commérages du faubourg ; il entendait se poser en
victime, en brave cœur qui souffre des hontes de sa famille, qui les
déplore,
sans en être atteint et sans les excuser. Depuis plusieurs mois, il
avait jeté
ses vues sur la fille d'un marchand d'huile, Félicité Puech. La maison Puech et
Lacamp, dont les
magasins se trouvaient dans une des ruelles les plus noires du
vieux quartier, était
loin de prospérer. Elle avait un crédit douteux sur la
place, on parlait vaguement de faillite. Ce fut justement à cause de
ces
mauvais bruits que Rougon dressa ses batteries de
ce côté. Jamais un commerçant
à son aise ne lui eût donné sa fille. Il comptait arriver lorsque le
vieux Puech ne
saurait plus par où passer, lui acheter Félicité et relever ensuite la
maison par son intelligence et son énergie. C'était une façon habile de
gravir
un échelon, de s'élever d'un cran au-dessus de sa classe. Il voulait,
avant
tout, fuir cet affreux faubourg où l'on clabaudait sur sa famille,
faire
oublier les sales légendes, en effaçant jusqu'au nom de l'enclos des
Fouque. Aussi les rues puantes du vieux quartier lui semblaient-elles un paradis. Là seulement, il devait faire peau neuve. |
Émile Zola 1870
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Ces
rues n'égalaient pourtant en rien, à mieux y considérer, l'enclos des
Fouque, dont l'histoire s'était perdue au fil des temps. Tracé sur les
cartes et tous les cadastres depuis que l'on en dessinait, il
avait nourri Plassans de légumes par les plus mauvais jours. Son
rendement faisait les envieux des autres maraîchers. Sa situation, son
sol, sa parfaite irrigation lui donnait des qualités rares dans cette
région où l'aridité disputait le sol à la stérilité de l'acide. On
aurait même pu croire qu'il avait été transporté,, comme par magie, de
plaines plus grasses et plus au nord. Mais Rougon avait déjà ce regard
impitoyable de ceux qui ne voient au prétexte de progrès que
l'éloignement, jugé salutaire, de la terre et de ses travaux; Il avait
oublié que jadis; la maraîcher avait un droit de cité plus important
que le marchand, fût-il prospère. Les ancêtres des Rougon, pauvres et
qui vendaient leur force à des propriétaires presqu'aussi pauvres
qu'eux, auraient tenu leur descendant pour fou, de préférer abandonner
un enclos aussi prospère pour un commerce qui connaissait une mauvaise
passe. Félicité n'était pas jolie au point de pouvoir maquiller cette
manœuvre intéressée sous les traits d'une passion. Ainsi Rougon ferait peau neuve dans le vieux quartier, au prix du reniement de l'honneur de ses ancêtres. Et telle serait désormais sa malédiction. |
Daniel Diégèse 2014
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25
avril |
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