Diégèse | |||||||||
dimanche 27 avril 2014 | 2014 | ||||||||
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La Fortune des Rougon2 | |||||||||
Il en apprit de belles.
D'après l'huissier,
il avait les
mains absolument liées. Sa mère seule pouvait aliéner l'enclos, ce dont
il se
doutait. Mais ce qu'il ignorait, ce qui fut pour lui un coup de massue,
c'était
qu'Ursule et Antoine, les bâtards, les
louveteaux, eussent des droits
sur cette
propriété. Comment ! ces canailles allaient le dépouiller, le
voler,
lui,
l'enfant légitime ! Les explications de l'huissier étaient claires
et
précises : Adélaïde avait, il est vrai, épousé
Rougon sous le
régime de la
communauté ; mais
toute la fortune consistant en biens-fonds, la
jeune
femme, selon la loi, était rentrée en possession de cette fortune à la
mort de
son mari ; d'un autre côté, Macquart et Adélaïde avaient reconnu
leurs
enfants qui, dès lors, devaient hériter de leur mère. Comme unique
consolation,
Pierre apprit que le
Code rognait la part des bâtards au profit des
enfants légitimes. Cela ne le consola nullement. Il voulait tout. Il n'aurait pas partagé dix sous entre Ursule et Antoine. Cette échappée sur les complications du Code lui ouvrit de nouveaux horizons, qu'il sonda d'un air singulièrement songeur. Il comprit vite qu'un homme habile doit toujours mettre la loi de son côté. |
Émile Zola 1870
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C'est aussi à ce moment-là qu'il comprit qu'il faut, le cas échéant, trouver le moyen de pouvoir influer sur ceux qui font les lois et qu'il est plus sûr, et parfois plus rapide, de faire en sorte que les lois qui sont votées vous soient favorables que de tenter d'interpréter en sa faveur celles qui existent, voire de les enfreindre, ce qui demeure, malgré tout, toujours périlleux, surtout lorsque les conséquences peuvent se faire sentir sur plusieurs générations. On peut d'ailleurs relire toute l'histoire des changements de régime politique sous cet angle qui voudrait qu'un groupe, plus ou moins constitué, s'empare du pouvoir de faire des lois qui, sous couvert d'intérêt général, notion qui demeure floue malgré le travail des juristes, vont voter et appliquer des lois et des règlements conformes à leurs intérêts. Tout le droit de propriété est fondé sur ce principe et le droit de la famille n'oserait contredire ce droit premier de la propriété. Ces dispositions du Code en faveur des bâtards étaient moins le signe d'un souci de justice entre les êtres que la lointaine obligation de reconnaître quelques droits aux bâtards des nobles et des rois. La Révolution française, pourtant glorieuse, pour autant, ne trouve pas d'autres explications crédibles. La preuve, s'il en était besoin, est sa correction presque immédiate par le Premier Empire. |
Daniel Diégèse 2014
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27 avril |
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