Diégèse




mardi 29 juillet 2014



2014
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La Fortune des Rougon2




Enfin, on sonna. Ces messieurs tressaillirent comme s'ils avaient entendu un coup de fusil. Pendant que Félicité allait ouvrir, un silence de mort régna dans le salon ; les faces blêmes et anxieuses se tendaient vers la porte. Le domestique du commandant parut sur le seuil, tout essoufflé, et dit brusquement à son maître :
« Monsieur, les insurgés seront ici dans une heure. » Ce fut un coup de foudre. Tout le monde se dressa en s'exclamant ; des bras se levèrent au plafond. Pendant plusieurs minutes, il fut impossible de s'entendre. On entourait le messager, on le pressait de questions.
« Sacré tonnerre ! cria enfin le
commandant, ne braillez donc pas comme ça. Du calme, ou je ne réponds plus de rien ! » Tous retombèrent sur leurs sièges, en poussant de gros soupirs. On put alors avoir quelques détails. Le messager avait rencontré la colonne aux Tulettes, et s'était empressé de revenir.
« Ils sont au moins trois mille, dit-il, Ils marchent comme des soldats, par bataillons. J'ai cru voir des prisonniers au milieu d'eux.
– Des prisonniers ! crièrent les bourgeois épouvantés.
– Sans doute ! interrompit
le marquis de sa voix flûtée.
On m'a dit que les insurgés arrêtaient les personnes connues
pour leurs opinions conservatrices. » Cette nouvelle acheva de consterner le salon jaune.
Quelques bourgeois se levèrent et gagnèrent furtivement la porte, songeant qu'ils n'avaient pas trop de temps devant eux pour trouver une cachette sûre
.

La Fortune des Rougon
Émile Zola
1870
Tout le monde regardait cependant le serviteur du commandant du coin de l'œil comme si, apportant cette mauvaise nouvelle, il avait en chemin pactisé avec les insurgés et portait sur lui des fragments de la révolte. Peu s'en eût fallu qu'ils s'en prissent à lui s'il n'avait été de fait placé sous la protection de son maître, qui n'était pas homme à déroger sur la protection de sa maison.
Un observateur attentif aurait pu peindre de cette scène plusieurs traits de la nature humaine et en tirer des conséquences politiques judicieuses. Monsieur de la Rochefoucauld, se serait-il abaissé à fréquenter, tel le marquis de Carnavant, cette société de province assez miteuse, qu'il en aurait à coup sûr conçu quelques-unes de ses fameuses maximes. N'avait-ils pas observé, en d'autres temps et dans une autre société plus valeureuse que celle des bourgeois de Plassans, que la plupart des hommes s'exposent assez dans la guerre pour sauver leur honneur. Mais peu se veulent toujours exposer autant qu'il est nécessaire pour faire réussir le dessein pour lequel ils s'exposent. Dans ce cas d'espèce, il n'était même pas certain que dans ces temps troublés où ils n'étaient soumis à aucune autorité civile ou militaire ils eussent même le projet de sauver leur honneur, donnant ainsi encore une fois raison au moraliste affirmant que la parfaite valeur est de faire sans témoins ce qu'on serait capable de faire devant tout le monde. L'autre conclusion qu'il fallait en tirer, c'est que la bourgeoisie, qui vit par ses biens et qui veut les sauver, est le plus souvent, sans mercenaires, une piètre combattante que le peuple a tort de redouter.

Zola augmenté
Daniel Diégèse
2014










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