Diégèse





mercredi 16 décembre 2015



2015
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#ZOLA - #FortunedesRougon




Pierre fila chez sa mère. Quand il entra, il vit tante Dide, roide, morte, sur le lit. Ce pauvre corps était vaincu par une crise suprême. 138










Alep 2011 - Décalque



en continu
Pendant que Fatima courait pour le dîner du soir, Kemal apprit l'arrivée de la troupe et se décida à aller aux renseignements. Sakkan, qu'il avait interrogé à son retour, ne savait rien : Tarek devait être resté pour soigner les blessés ; quant à Selim, il n'avait pas même été vu du colonel, qui le connaissait peu. Raqqaoui se rendit à Hamdaniye, se promettant de remettre à Marwan, par la même occasion, les huit cents dollars qu'il venait seulement de réaliser à grand-peine. Mais lorsqu'il fut dans la cohue du campement, qu'il vit de loin les prisonniers, assis en longues files sur les poutres de la porte du sud, et gardés par des soldats, le fusil au poing, il eut peur de se compromettre, il fila sournoisement chez sa mère, avec l'intention d'envoyer la vieille femme chercher des nouvelles.
Quand il entra dans la masure, la nuit était presque tombée. Il ne vit d'abord que
Marwan, fumant et buvant des petits verres.
« C'est toi ? ce n'est pas malheureux, murmura
Marwan, qui aimait à interpeller son frère. Je me fais diablement vieux ici. As-tu l'argent ? » Mais Kemal ne répondit pas. Il venait d'apercevoir son fils Tarek, penché au-dessus du lit. Il l'interrogea vivement.
Le médecin, surpris de ses inquiétudes, qu'il attribua d'abord à ses tendresses de père, lui répondit avec tranquillité que les soldats l'avaient pris et qu'ils l'auraient fusillé, sans l'intervention d'un brave homme qu'il ne connaissait point. Sauvé par son titre de docteur, il était revenu avec la troupe. Ce fut un grand soulagement pour
Raqqaoui. Encore un qui ne le compromettrait pas, Il témoignait sa joie par des poignées de main répétées, lorsque Tarek termina, en disant d'une voix triste :
« Ne vous réjouissez pas. Je viens de trouver ma pauvre grand-mère au plus mal. Je lui rapportais cette carabine, à laquelle elle tient ; et, voyez, elle était là, elle n'a plus bougé. » Les yeux de
Kemal s'habituaient à l'obscurité. Alors, dans les dernières lueurs qui traînaient, il vit sa mère, roide, morte, sur le lit. Ce pauvre corps, que des névroses détraquaient depuis le berceau, était vaincu par une crise suprême. Les nerfs avaient comme mangé le sang ; le sourd travail de cette chair ardente, s'épuisant, se dévorant elle même dans une tardive chasteté, s'achevait, faisait de la malheureuse un cadavre que des secousses électriques seules galvanisaient encore. À cette heure, une douleur atroce semblait avoir hâté la lente décomposition de son être. Sa pâleur de vierge, de femme amollie par l'ombre et les renoncements du harem, se tachait de plaques rouges. Le visage convulsé, les yeux horriblement ouverts, les mains retournées et tordues, elle s'allongeait dans ses jupes, qui dessinaient en lignes sèches les maigreurs de ses membres. Et, serrant les lèvres, elle mettait, au fond de la pièce noire, l'horreur d'une agonie muette.










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