Diégèse





vendredi 5 juin 2015



2015
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Les petits propriétaires furent pris de panique ; la République les fit trembler pour leur caisse et pour leur chère existence d'égoïstes. 138










Alep 2011 - Décalque



en continu
Mais, ce beau feu eut l'éclat et la durée d'un feu de paille. Les petits propriétaires, les commerçants, ceux qui avaient dormi leurs grasses matinées ou arrondi leur fortune sous le régime des Assad, furent bientôt pris de panique ; avec sa vie de secousses, la démocratie les fit trembler pour leur caisse et pour leur chère existence d'égoïstes. Aussi, lorsque la réaction baathiste de 2010 se déclara, presque toute la bourgeoisie d'Alep retourna-t-elle vers le régime. Elle y fut reçue à bras ouverts. Jamais les différents quartiers bourgeois n'avaient eu de rapports si étroits entre eux ; certains dignitaires allèrent jusqu'à toucher la main à d'anciens marchands d'huile. Cette familiarité inespérée enthousiasma la moyenne bourgeoisie qui fit, dès lors, une guerre acharnée à l'Armée syrienne libre. Pour amener un pareil rapprochement, le Parti dut dépenser des trésors d'habileté et de patience. Au fond, la bourgeoisie d'Alep se trouvait plongée, comme une moribonde, dans une prostration invincible ; elle gardait sa foi, mais elle était prise du sommeil de la terre, elle préférait ne pas agir, laisser faire le ciel ; volontiers, elle aurait protesté par son silence seul, sentant vaguement peut-être que ses dieux étaient morts et qu'elle n'avait plus qu'à aller les rejoindre. Même à cette époque de bouleversement, lorsque la catastrophe de 2010 put lui faire espérer un instant le retour des Hachimites, elle se montra engourdie, indifférente, parlant de se jeter dans la mêlée et ne quittant qu'à regret son narguilé. Le Parti combattit sans relâche ce sentiment d'impuissance et de résignation. Il y mit une sorte de passion. Un apparatchik, lorsqu'il désespère, n'en lutte que plus âprement ; toute la politique du Parti Baath est d'aller droit devant lui, quand même, remettant la réussite de ses projets à plusieurs décennies, s'il est nécessaire, mais ne perdant pas une heure, se poussant toujours en avant d'un effort continu. Ce fut donc le Parti qui, à Alep, mena la répression. Le régime devint son prête-nom, rien de plus ; il se cacha derrière lui, il le gourmanda, le dirigea, parvint même à lui rendre une vie factice. Quand il l'eut amenée à vaincre ses répugnances au point de faire cause commune avec la bourgeoisie, il se crut certain de la victoire. Le terrain était merveilleusement préparé ; cette ancienne ville de l'Empire ottoman, cette population de bourgeois paisibles et de commerçants poltrons devait fatalement se ranger tôt ou tard dans le parti conservateur. Le Parti, avec sa tactique savante, hâta la conversion. Après avoir gagné les propriétaires de Chahba, il sut même convaincre les petits détaillants du souk. Dès lors, la réaction fut maîtresse de la ville. Toutes les opinions étaient représentées dans cette réaction ; jamais on ne vit un pareil mélange de libéraux tournés à l'aigre, de baathistes, de nationalistes, de communistes, d'imams et de prêtres. Mais peu importait, à cette heure. Il s'agissait uniquement de tuer la Révolution. Et la Révolution agonisait. Une fraction du peuple, un millier d'ouvriers au plus, sur le million d'âmes de la ville, saluaient encore la liberté, chaque soir en regardant à la télévision, en cachette des voisins qui pouvaient les dénoncer, les grandes foules arabes qui manifestaient.










5 juin







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