Diégèse
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dimanche 29
novembre 2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5812 jours (22 x 1453
jours) |
et
son auteur est en vie
depuis 20265 jours (3 x 5 x 7 x 193
jours) |
ce
qui représente 28,6800% de la vie de l'auteur
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deux
mille huit cent quatre-vingt-quinze semaines de vie |
hier
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Aristide
courut à la rue de la Banne. « Tant pis ! je suis
bonapartiste ! Papa
n'est pas homme à se faire tuer sans que ça lui rapporte. »
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
À la
même heure, Youssef se promenait chez lui
d'un air profondément
inquiet. La publication de Garo l'avait surpris.
L'attitude de son père le stupéfiait, Il venait de l'apercevoir à une
fenêtre, en habit traditionnel, si calme à l'approche
du danger, que toutes ses idées étaient bouleversées dans sa pauvre
tête. Pourtant les rebelles revenaient victorieux,
c'était la croyance
de la ville entière.
Mais des doutes lui venaient, il flairait quelque farce lugubre.
N'osant plus se présenter chez ses parents, il y avait envoyé sa femme.
Quand Amira
revint, elle lui dit de sa voix traînante :
« Ta mère t'attend : elle n'est pas en colère du tout, mais
elle a
l'air de se moquer joliment de toi. Elle m'a répété à plusieurs
reprises que tu pouvais remettre ton écharpe dans ta poche. »
Youssef fut
horriblement vexé. D'ailleurs, il courut voir Fatima, prêt
aux plus humbles soumissions. Sa mère se contenta de l'accueillir avec
des rires de dédain.
« Ah ! mon pauvre garçon, lui dit-elle en l'apercevant, tu
n'es
décidément pas fort.
– Est-ce qu'on sait, vraiment, ce qui va se passer ? s'écria-t-il avec
dépit. J'y deviens bête, ma parole d'honneur. Pas une nouvelle, et l'on
grelotte. C'est d'être enfermé dans cette ville grise et peureuse…
Ah !
si
j'avais pu suivre Karim à
Damas ! »
Puis, amèrement, voyant
que Fatima
continuait à rire :
« Tu n'as
pas été gentille avec moi, ma mère. Je sais bien des
choses, allez… Mon frère vous tenait au courant de ce qui se passait,
et jamais tu ne
m'as donné la moindre indication utile.
– Tu sais cela ? toi, dit Fatima devenue sérieuse et
méfiante. Eh
bien, tu es alors moins bête que je ne croyais. Est-ce que tu lirais
les mails, comme
quelqu'un de ma
connaissance ?
– Non, mais j'écoute aux portes », répondit Youssef avec un grand
aplomb.
Cette franchise ne déplut pas à la vieille femme.
Elle se remit à
sourire, et, plus douce :
« Alors, bêta, demanda-t-elle, comment se fait-il que tu ne te
sois pas
rallié plus tôt ?
– Ah ! voilà, dit le jeune homme, embarrassé. Je n'avais pas
grande
confiance en vous. Vous receviez de telles brutes : mon beau-père,
Ghali et les autres
!… Et puis je ne voulais pas trop m'avancer… » Il
hésitait. Il reprit d'une voix inquiète :
« Aujourd'hui, tu es bien sûre au moins
du succès du Régime ?
– Moi ? s'écria Fatima, que les doutes de son
fils blessaient, mais
je ne suis sûre de rien.
– Tu m'as
pourtant fait dire d'ôter mon écharpe ?
– Oui, parce que tous ces messieurs se moquent de toi. »
Youssef resta
planté sur ses pieds, le regard perdu, semblant contempler un des
ramages du papier orange. Sa mère fut prise d'une brusque impatience à
le voir ainsi hésitant.
« Tiens, dit-elle, j'en reviens à ma première opinion : tu
n'es
pas
fort. Et tu aurais voulu qu'on te fît lire les messages de Karim ! Mais,
malheureux, avec tes continuelles incertitudes, tu aurais tout gâté. Tu
es là à hésiter…
– Moi, j'hésite ? interrompit-il en jetant sur sa mère un regard
clair
et froid. Ah ! bien, tu ne me connais pas.
Je mettrais le feu à la ville si j'avais envie de me chauffer les
pieds. Mais comprends donc que je ne veux
pas faire fausse route !
Je
suis las de manger mon pain dur, et j'entends tricher la fortune. Je ne
jouerai qu'à coup sûr. » Il avait prononcé ces paroles avec une
telle
âpreté, que sa mère, dans cet appétit brûlant du succès, reconnut le
cri de son sang. Elle murmura :
« Ton père a bien du courage.
– Oui, je l'ai vu, dit-il en ricanant. Il a une bonne tête. Il m'a
rappelé je ne sais quel martyr andalou… Est-ce que c'est
toi, mère, qui lui
as fait cette figure-là ? » Et, gaiement, avec un geste
résolu :
« Tant pis ! s'écria-t-il, je suis pour le Régime !… Papa n'est pas un
homme à se faire tuer sans que ça lui rapporte gros.
– Et tu as raison, dit sa mère ; je ne puis parler, mais tu verras
demain. » Il n'insista pas, il lui jura qu'elle serait bientôt
glorieuse de lui, et il s'en alla, tandis que Fatima, sentant se
réveiller ses anciennes préférences, se disait à la fenêtre, en le
regardant s'éloigner, qu'il avait un esprit de tous les diables, et que
jamais elle n'aurait eu le courage de le laisser partir sans le mettre
enfin dans la bonne voie. |
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