Cependant, au milieu de
la place, Les manifestants, regroupés par quartiers, par
villages, se
tenaient farouches et debout.
Un ferronnier, un
géant dont la tête dépassait celle de ses compagnons,
criait, en agitant son keffieh rouge et blanc : «
Liberté, liberté pour
tous, pour les Kurdes, pour les Chrétiens et pour les Musulmans ! » De
grands courants de foule traversaient la place d'Ariha.
L'ancien
général, entouré des
gens d'Idlib, s'éloigna,
avec
plusieurs groupes
des campagnes, pour tourner l'armée et la prendre de
flanc. D'autres,
se
jetèrent à gauche, se dispersèrent en tirailleurs dans la plaine en
se
faufilant parmi les rochers gris du plateau calcaire, emmenés par les
jeunes d'Ariha qui connaissaient tous les passages et toutes les embûches.
Et, tandis que
la place se vidait,
les étudiants d'Alep que le
ferronnier avait appelés à l'aide se réunissaient, formaient sur
l'herbe séchée et jaunie une masse sombre,
irrégulière, groupée en
dehors de toutes les
règles de la stratégie, mais qui avait roulé là, comme un bloc, pour
barrer le chemin ou mourir.
Hamdaniye se
trouvait au milieu de ce bataillon héroïque. Dans la
teinte
grise des vêtements traditionnels parsemés de quelques tâches de
couleurs atténuées, dans
l'éclat bleuâtre des armes, l'abaya de
Maya, qui tenait le drapeau à deux mains, mettait une
large tache rouge, une tache de blessure fraîche et saignante. |