Diégèse
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mardi 13 octobre
2015 |
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2015 |
ce
travail est commencé
depuis 5765
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et
son auteur est en vie
depuis 20218 jours
(2 x 11 x 919
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ce
qui représente
28,5142% de la vie de l'auteur |
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hier |
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L'atelier du texte |
demain |
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#ZOLA - #FortunedesRougon |
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Silvère,
penché sur elle, ne pouvait croire qu'elle allait mourir :
« Non, tu
vas voir, ça n'est rien… Ne parle pas, si tu souffres. » |
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Une
ombre passa sur son
visage, et, de ses lèvres sortit un petit souffle. Ses yeux, grands
ouverts, restèrent fixés sur le jeune homme. |
136 |
Les
soldats, furieux,
continuaient à tirer, ils criblèrent de balles la façade de la
Mule-Blanche. Et M. Peirotte tomba comme une masse. |
136 |
Silvère
et Miette se
regardaient. Le jeune homme fut pris d'un sentiment de pudeur :
il
ramena les plis du drapeau rouge sur Miette. |
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Alep 2011 - Décalque |
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en continu |
Selim,
penché sur
elle,
comprit les sanglots amers de cette chair
ardente. Il entendit au loin les sollicitations des vieux ossements ;
il se rappela ces caresses qui avaient brûlé leurs lèvres, dans la
nuit, au bord de la route : elle se pendait à son cou, elle lui
demandait tout l'amour, et lui, il n'avait pas su, il la laissait
partir petite fille, désespérée de n'avoir pas goûté aux voluptés de la
vie. Alors, désolé de la voir n'emporter de lui qu'un souvenir
d'écolier et de bon camarade, il baisa sa poitrine de vierge, cette
gorge pure et chaste qu'il venait de découvrir. Il ignorait ce buste
frissonnant, cette puberté admirable. Ses larmes trempaient ses lèvres.
Il collait sa bouche sanglotante sur la peau de l'enfant. Ces baisers
d'amant mirent une dernière joie dans les yeux de Maya. Ils
s'aimaient, et leur idylle se dénouait dans la mort.
Mais lui ne pouvait croire qu'elle allait mourir. Il disait :
« Non, tu vas voir, ça n'est rien… Ne parle pas, si tu souffres…
Attends, je vais te soulever la tête ; puis je te réchaufferai, tu as
les mains glacées. » |
La fusillade reprenait,
à
gauche, dans les champs
d'oliviers. Des bruits furieux de moteurs montaient de la plaine.
Et,
par instants, il y avait de grands cris d'hommes qu'on
égorge. Des fumées épaisses arrivaient, traînaient sur les herbes
sèches de la place. Mais
Selim n'entendait
plus, ne voyait plus. Tarek qui
descendait en courant vers la plaine, l'aperçut, vautré à terre, et
s'approcha, le croyant blessé. Dès que le jeune homme l'eut reconnu, il
se cramponna à lui. Il lui montrait Maya.
« Vois donc,
disait-il, elle est blessée, là, sous le sein… Ah ! que tu es bon d'être venu ;
tu la sauveras.
» À ce moment, la
mourante eut une légère convulsion.
Une ombre douloureuse passa sur son visage, et, de ses lèvres serrées
qui s'ouvrirent, sortit un petit souffle. Ses yeux, tout grands
ouverts, restèrent fixés sur le jeune homme. Tarek, qui
s'était penché, se releva en disant à demi-voix :
« Elle est morte. » Morte ! ce mot fit chanceler
Selim. Il s'était
remis à genoux ; il tomba assis, comme renversé par le petit
souffle de Maya.
« Morte ! morte ! répéta-t-il, ce n'est pas vrai,
elle me regarde… Vous
voyez bien qu'elle me regarde. » Et il saisit le médecin par son
vêtement, le conjurant de ne pas s'en aller, lui affirmant qu'il se
trompait, qu'elle n'était pas morte, qu'il la sauverait, s'il voulait. Tarek
lutta
doucement, disant de sa voix affectueuse :
« Je ne puis rien, d'autres m'attendent… Laisse, mon pauvre
enfant ;
elle est bien morte, va. » Il lâcha prise, il retomba.
Morte ! morte !
encore ce mot, qui sonnait comme un glas dans sa tête vide !
Quand il
fut seul, il se traîna auprès du cadavre. Maya le regardait toujours.
Alors il se jeta sur elle, roula sa tête sur sa gorge nue, baigna sa
peau de ses larmes. Ce fut un emportement. Il posait furieusement les
lèvres sur la rondeur naissante de ses seins, il lui soufflait dans un
baiser toute sa flamme, toute sa vie, comme pour la ressusciter. Mais
l'enfant devenait froide sous ses caresses. Il sentait ce corps inerte
s'abandonner dans ses bras. Il fut pris d'épouvante ; il s'accroupit,
la face bouleversée, les bras pendants, et il resta là, stupide,
répétant :
« Elle est morte, mais elle me regarde ; elle ne ferme pas les
yeux,
elle me voit toujours. » Cette idée l'emplit d'une grande
douceur. Il
ne bougea plus. Il échangea avec Maya un long regard, lisant
encore,
dans ces yeux que la mort rendait plus profonds, les derniers regrets
de l'enfant pleurant sa virginité. |
Cependant, les
blindés pilonnaient
toujours les fuyards, dans la
plaine ; le bruit des armes, les cris des mourants,
s'éloignaient, s'adoucissaient, comme une musique lointaine, apportée
par l'air limpide. Selim ne savait plus qu'on se
battait. Il ne vit
pas son cousin, qui remontait la pente et qui traversait de nouveau la
place. En passant,
Tarek ramassa le
fusil de Marwan, que
Selim
avait jeté ; il le
connaissait pour l'avoir vu chez sa mère, quand elle
le sortait pour le nettoyer et le graisser avant de le replacer dans sa
cachette, et songeait
à la sauver des mains des vainqueurs. Il
était à peine entré dans l'école où étaient enfermés
les prisonniers,
où l'on avait
porté un grand nombre de blessés, qu'un flot de manifestants chassés
par la
troupe comme une bande de bêtes, envahit la place. L'ancien général
avait fui ; c'étaient les derniers groupes des campagnes que l'on
traquait. Il y eut là un effroyable massacre. Les officiers de
l'armée
régulière, pris de
pitié, ordonnèrent vainement la
retraite. Les soldats, furieux, continuaient à tirer dans le tas, à tuer les fuyards à bout
portant contre les murs des maisons et des
bâtiments publics. Quand
ils n'eurent plus d'ennemis devant eux, ils criblèrent de balles la
façade de l'école.
Les stores
partaient en éclats ; une
fenêtre, laissée entrouverte, fut arrachée, avec un bruit retentissant
de verre cassé. Des voix lamentables criaient à l'intérieur :
« Les prisonniers ! les prisonniers ! » Mais la
troupe n'entendait pas,
elle tirait toujours. On vit, à un moment, le colonel Sakkal,
exaspéré, paraître sur le seuil, parler en agitant les bras. À côté de
lui, Abou Firas,
montra sa taille mince, son
visage effaré. Il y eut encore une décharge. Et Abou Firas tomba par
terre, le nez en avant, comme une masse. |
Selim
et Maya se
regardaient. Le jeune homme était resté penché sur
la morte, au milieu de la fusillade et des hurlements d'agonie, sans
même tourner la tête. Il sentit seulement des hommes autour de lui, et
il fut pris d'un sentiment de pudeur : il ramena les plis du
drapeau
rouge sur Maya,
sur sa gorge nue. Puis ils continuèrent à se regarder. |
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