Diégèse




mercredi 27 avril 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










On fait quelquefois grand état, dans le supérieur, au moins dans le commencement, dois-je dire pour épater les nouveaux, les jeunes gens, de ce que les professeurs de l'enseignement secondaire font des classes, tandis que messieurs les maîtres et professeurs de l'enseignement supérieur au contraire font des cours. Il faut malheureusement le leur dire : Dans l'état actuel de l'enseignement, c'est dans les classes que se distribue encore beaucoup de culture, et c'est dans les cours qu'il n'y en a plus.
Ceux qui sont acharnés surtout, comme parti politique, comme parti intellectuel, ceux qui sont forcenés, ce sont ces jeunes gens qui passent directement de l'ancienne et de la nouvelle École Normale au Parti Socialiste Unifié. Les dernières élections viennent de nous envoyer encore tout un paquet de ces jolis garçons. Les enfants de chœur, notamment celui qui est si joli et joufflu. Comme c'est son devoir d'enfant de chœur.
Notre première règle de conduite, ou, si l'on préfère, la première règle de notre conduite sera donc étant dans l'action, de ne jamais tomber dans la politique, c'est-à-dire, très précisément, suivant une ligne de l'action, de nous défier, de nous méfier de nous-mêmes et de notre propre action, de faire une extrême attention à distinguer le point de discernement, et ce point reconnu, de rebrousser en effet à ce point de rebroussement. Au point où la politique se substitue à la mystique, dévore la mystique, trahit la mystique, celui-là seul qui laisse aller, qui abandonne, qui trahit la politique est aussi le seul qui demeure fidèle à la mystique, celui-là seul qui trahit la politique est aussi le seul qui ne trahit pas la mystique.

L'abondance de la communication politique forme un brouhaha épouvantable où l'inaudible devient la règle. Plongée au milieu des slogans publicitaires qui vantent toutes sortes de produits, et même des contrats de location longue durée pour des obsèques, la phrase politique, pour pouvoir percer, doit forcer le trait, se caricaturer elle-même. C'est à l'évidence ce qui est arrivé récemment à l'ancien Président de la République française quand il a affirmé devant des sympathisants que les participants au mouvement de « la Nuit debout » « n'avaient rien dans la tête. » Intentionnellement ou non, il a joué son propre personnage, sa propre marionnette, celle du temps où il y avait encore des marionnettes sur une chaîne à péage, il a créé la tendance sur les réseaux sociaux. Dans l'ordre de la publicité, et Péguy ajouterait, dans l'ordre de la politique, il a sans doute eu raison. Sans cette phrase, sa présence à Nice serait passée entièrement inaperçue, un peu comme ces tournées d'anciens chanteurs à succès qui chantent désormais dans les maisons de retraite et les supermarchés. Car, ce qui est aussi frappant, c'est l'accélération du temps que provoque aussi ce brouhaha fait de brèves saillies, et cette accélération nous fait entendre cette petite phrase comme une expression surannée d'un autre temps, le temps folklorique du Karcher et de la Princesse de Clèves interdite aux concours de la fonction publique. Le temps a passé et le temps politique de cet homme politique est passé. On s'amuse avec lui comme on demande encore au grand-père de raconter les vieilles histoires, pour lui faire plaisir, tout en continuant à envoyer des messages instantanés à des interlocuteurs de l'autre bout du monde ou de la pièce à côté.
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Chronite aiguë - Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #09










27 avril







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