Diégèse




lundi 5 décembre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Jouer le temporel avec les puissants de ce monde et en même temps faire appel à la mystique et à l'argent des pauvres gens, puiser toujours dans le cœur et dans la bourse des pauvres gens. C'est ce qui fait que la responsabilité de Jaurès dans ce crime, dans ce double crime, dans ce crime au deuxième degré est culminante. Lui entre tous, lui au chef de l'opération il était un politicien comme les autres, pire que les autres, un retors entre les retors, un fourbe entre les fourbes ; mais lui il faisait semblant de n'être pas un politicien. De là sa nocivité culminante. De là sa responsabilité culminante. Quand les nationalistes, professionnels, disaient que nous étions le parti de l'étranger, ils ne pouvaient que nous calomnier, ils ne pouvaient que nous faire un tort temporel, à la limite un tort temporel limite, à l'extrême un tort temporel extrême. Quand Jaurès au contraire parlait pour nous, s'avouait pour nous, quand à ce titre, à notre titre, il intercalait le dreyfusisme et l'affaire Dreyfus d'une part dans l'antipatriotisme, politique, dans l'antipatriotisme hervéiste, dans la politique antipatriotique, hervéiste, dans l'agitation, dans la démagogie antipatriotique, hervéiste, quand il l'intercalait d'autre part dans cette autre démagogie politique, dans la démagogie antichrétienne, il atteignait, il touchait, il blessait au cœur le dreyfusisme même.
Si l'on continue sur la lancée de l'analyse de l'injure « sale con ! », on ne peut que s'étonner que l'usage populaire n'ait pas retenu plutôt « sale bite ! ». Rien qu'en faisant cette supposition, un instant, on s'aperçoit que l'injure apparaît peut-être plus drôle mais beaucoup plus triviale. C'est que la signification littérale de « con » s'est atténuée dans la généralisation de l'injure quand celle du mot « bite » affleure toujours, même dans un usage figuré. Mais alors, pourquoi traiter un homme de « sale con ! » ? Eh bien, littéralement, c'est le rendre pénétrable, et, dans le même temps, dénoncer cette pénétration comme dégoûtante. Bref, c'est le traiter d'inverti. Et l'on rejoint ici le propos de Pasolini. Tout homme déclaré comme homosexuel qui entre dans un débat politique, dans une lutte politique, est toujours à la merci de se faire traiter de « sale pédé ! », et ce, que l'injure soit prononcée ou seulement insinuée. On se souviendra ainsi que lors de l'un des premiers débats sur le PACS à l'Assemblée nationale, en 1998, la députée Christine Boutin s'est exclamée quand l'orateur de la majorité est monté au perchoir : « Oh, qu'il est mignon ! ». En elle-même, l'interjection n'était pas répréhensible et plutôt flatteuse, mais Madame Boutin savait suffisamment ce qu'elle voulait dire pour s'en excuser publiquement quelques semaines plus tard dans un mensuel gay et lesbien. Elle l'avait ce jour-là évidemment traité de « pédé ! ».
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Péguy-Pasolini #23 - Texte continu










5 décembre







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