Jouer
le temporel avec les
puissants de ce monde et en même temps faire appel à la mystique et à
l'argent des pauvres gens, puiser toujours dans le cœur et dans la
bourse des pauvres gens. C'est ce qui fait que la responsabilité de
Jaurès dans ce crime, dans ce double crime, dans ce crime au deuxième
degré est culminante. Lui entre tous, lui au chef de l'opération il
était un politicien comme les autres, pire que les autres, un retors
entre les retors, un fourbe entre les fourbes ; mais lui il faisait
semblant de n'être pas un politicien. De là sa nocivité culminante. De
là sa responsabilité culminante. Quand les nationalistes,
professionnels, disaient que nous étions le parti de l'étranger, ils ne
pouvaient que nous calomnier, ils ne pouvaient que nous faire un tort
temporel, à la limite un tort temporel limite, à l'extrême un tort
temporel extrême. Quand Jaurès au contraire parlait pour nous,
s'avouait pour nous, quand à ce titre, à notre titre, il intercalait le
dreyfusisme et l'affaire Dreyfus d'une part dans l'antipatriotisme,
politique, dans
l'antipatriotisme hervéiste, dans la politique antipatriotique,
hervéiste, dans l'agitation, dans la démagogie antipatriotique,
hervéiste, quand il l'intercalait d'autre part dans cette autre
démagogie politique, dans la démagogie antichrétienne, il atteignait,
il touchait, il blessait au cœur le dreyfusisme même. |
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Si
l'on
continue sur la lancée de l'analyse de l'injure « sale
con ! », on ne
peut que s'étonner que l'usage populaire n'ait pas retenu plutôt
« sale bite ! ». Rien qu'en faisant cette supposition,
un instant, on
s'aperçoit que l'injure apparaît peut-être plus drôle mais beaucoup
plus triviale. C'est que la signification littérale de
« con » s'est
atténuée dans la généralisation de l'injure quand celle du mot
« bite »
affleure toujours, même dans un usage figuré. Mais alors, pourquoi
traiter un homme de « sale con ! » ? Eh bien,
littéralement, c'est le
rendre pénétrable, et, dans le même temps, dénoncer cette pénétration
comme
dégoûtante. Bref, c'est le traiter d'inverti. Et l'on rejoint ici le
propos de Pasolini. Tout homme déclaré comme homosexuel qui entre dans
un débat politique, dans une lutte politique, est toujours à la merci
de se faire traiter de « sale pédé ! », et ce, que
l'injure soit
prononcée ou seulement insinuée. On se souviendra ainsi que lors de
l'un
des premiers débats sur le PACS à l'Assemblée nationale, en 1998, la
députée
Christine Boutin s'est exclamée quand l'orateur de la majorité est
monté au perchoir : « Oh, qu'il est mignon ! ». En
elle-même,
l'interjection n'était pas répréhensible et plutôt flatteuse, mais
Madame
Boutin savait suffisamment ce qu'elle voulait dire pour s'en excuser
publiquement quelques semaines plus tard dans un mensuel gay et
lesbien. Elle l'avait ce jour-là évidemment traité de
« pédé ! ». |