Comment
travaillait ce peuple, qui aimait le travail, universus universum, qui
tout entier aimait le travail tout entier, qui était laborieux et
encore plus travailleur, qui se délectait à travailler, qui travaillait
tout entier ensemble, bourgeoisie et peuple, dans la joie et dans la
santé ; qui avait un véritable culte du travail ; un culte, une
religion du travail bien fait. Du travail fini. Comment tout un peuple,
toute une race, amis, ennemis, tous adversaires, tous profondément
amis, était gonflée de sève et de santé et de joie, c'est ce que l'on
trouvera dans les archives, parlons modestement dans les papiers de
cette famille républicaine. On y verra ce que c'était
qu'une culture,
comment c'était infiniment autre (infiniment plus précieux) qu'une
science, une archéologie, un enseignement, un renseignement, une
érudition et naturellement un système. On y verra ce que c'était que la
culture du temps que les professeurs ne l'avaient point écrasée. On y
verra ce que c'était qu'un peuple du temps que le primaire ne l'avait
point oblitéré. On y verra ce que c'était qu'une culture du temps qu'il
y avait une culture ; comment c'est presque indéfinissable, tout un
âge, tout un monde dont aujourd'hui nous n'avons plus l'idée. On y
verra ce que c'était que la moelle même de notre race, ce que c'était
que le tissu cellulaire et médullaire. Ce qu'était une famille
française. On y verra des caractères. On y verra tout ce que
nous ne voyons plus, tout ce que nous ne voyons pas aujourd'hui.
Comment les enfants faisaient leurs études du temps qu'il y avait des
études. Enfin tout ce que nous ne voyons plus aujourd'hui. |
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Tout d'abord,
il faut rappeler que l'agencement du poil dans les
sociétés, toutes les sociétés, et aussi la société française, et même
la société aveyronnaise, est un fait culturel. Il n'est pas certain que
l'on puisse trouver de société dans laquelle le mâle ne constitue pas
ses poils en signe. Marie-France Auzépy et Joël Cornette retracent
d'ailleurs cette histoire dans Histoire
du poil
paru en 2011 chez Belin. On lira l'ouvrage plus tard, mais, sans
l'avoir lu, ni
même parcouru, on peut tenter des hypothèses : quels sont les signifiés
que le signifiant « poil » active ordinairement chez le mâle ? Ils sont
certainement très nombreux, mais j'en choisirai trois. En tout
premier lieu : la virilité. Celle ci s'exprime le plus souvent par le
développement pilaire. Mais le poil exprime aussi le soin de soi, la
classe sociale, et cela s'exprime alors le plus souvent aussi, par le
retranchement pilaire, par rasage ou par épilation. Ce retranchement
peut
être aussi une marque d'hygiène. Enfin, l'agencement du poil marque
l'appartenance distinctive à une communauté, à un corps de métier. Dans
les sociétés du Moyen-Orient, au moins jusqu'au
vingtième siècle, il fallait pouvoir distinguer aisément un juif, d'un
chrétien ou d'un musulman. La forme, la taille, la couleur des
attributs pilaires contribuaient à cette distinction, avec
l'habillement et la parure. On peut donc supposer, intuitivement, que
le poil active un triangle sémiotique : virilité - statut social -
identité communautaire. Et on peut donc supposer aussi, en conséquence,
que
l'apparition soudaine dans les rayons d'un hypermarché aveyronnais
d'épilateurs corporels pour hommes, correspond à une évolution de ce
triangle sémiotique. |
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Pour autant, je n'ai pas
quant à moi ce problème... |
« j'étais, moi, en
tout cas, si je me suis persuadé quelque chose. » C'est Descartes,
non ? |
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Corps
souffrant
ou corps désirant, le même corps, qui résiste, qui s'accroche, qui
pèse... Le corps est toujours criminel. |