Diégèse




vendredi 8 juillet 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Quant aux interventions parues dans l'Espresso, celle de Facchinelli me semble obscure  ; l'oracle a été un peu « sibyllin ». À celle de Colletti, je ne réponds rien : elle est trop expéditive. On ne peut pas discuter avec une personne qui montre clairement qu'elle veut couper court et ne pas du tout vous prendre en considération. Je pense que je pourrais utiliser en ma faveur la brève intervention de Fortini (« il faut se demander si ce "non" ne montre pas, du moins en partie, une volonté de voir au-delà de l'optimisme progressiste ») et accepter son invitation ascétique à continuer de travailler même pour d'infimes minorités ; ou peut-être même espérer que les « ressemblances » d'aujourd'hui deviennent « différences » de demain. En effet, je travaille pour d'infimes minorités, et si je travaille, c'est que je ne désespère pas (quoique je déteste tout optimisme, car c'est toujours un euphémisme). Seulement l'acharnement de Fortini à toujours vouloir se tenir sur le point le plus avancé de ce qu'on appelle l'histoire en pesant sur les autres fait naître en moi un sentiment instinctif d'ennui et de prévarication. J'arrêterai de « dire que l'histoire n'existe plus » quand Fortini arrêtera de parler en levant un doigt menaçant. Quant à Sciascia, je le remercie pour la sincérité de sa solidarité (courageuse, eu égard au lynchage et à l'affreux soupçon d'être une sorte de Plèbe dont je suis l'objet de la part des misérables antifascistes de l'Espresso) ; mais sur ce qu'il dit des brigades rouges flotte l'ombre des billets écrits par Sossi, des billets qui, à l'analyse linguistique, m'ont semblé d'une insincérité, d'un infantilisme et d'un manque d'humanité à justifier tous les soupçons.
L'association entre « culture » et « identité » est non seulement une association malsaine - car on n'a jamais vu qu'elle eût produit des effets bénéfiques -, mais, c'est en outre un couplage mensonger. Si l'on admet que l'identité est ce qui est fixe, ce qui demeure fixe dans le mouvement général de l'univers, alors il est aisé d'affirmer qu'il ne peut y avoir de culture identitaire. Certes, pourra-t-on objecter, la culture inclut les traditions. Elle inclut aussi les rites, et notamment les rites religieux, qui sont certainement ce que les humains ont inventé de plus efficace pour se donner l'illusion que quelque chose, au moins, peut demeurer sans périr. Pour autant, tous les rites, même ceux des religions les plus codifiées, se pratiquent, s'actualisent, diraient les anglo-saxons, dans une société mouvante. Le rite, dans sa succession de gestes et de paroles peut demeurer fixe, les conditions de sa production ne cessant de se modifier, il en est lui-même transformé. Par exemple, les thuriféraires du mariage dit traditionnel, qui veulent interdire l'extension de ce rite aux personnes du même sexe, le font au nom de la tradition, comme si le mariage, même au sein des familles les plus conservatrices, était resté ce qu'il était... Et la phrase reste en suspens. Car, il est impossible de la terminer et de préciser le point de référence culturel qui serait le point fixe de la tradition. Le mariage, même le mariage chrétien, même le mariage catholique, n'a jamais cessé de se modifier et il continuera de le faire tant les humains inventent en permanence de nouvelles formes d'associations pour se reproduire et résister à un monde qui, le plus souvent, leur est profondément hostile. Enfin, c'est sans compter sur la capacité de l'homo-sapiens à produire sans cesse de nouveaux rites et de nouvelles traditions. Le championnat européen de football vient d'en donner l'exemple, aidé par les technologies en réseau. L'équipe islandaise a popularisé très récemment une sorte de célébration alliant battements de mains et cris gutturaux, rite pendant lequel le public rassemblé en masse célèbre les joueurs de l'équipe. Ce qui s'est nommé le « clapping », retransmis par la télévision et les réseaux électroniques, a donné l'idée et l'envie aux spectateurs français du stade vélodrome à Marseille de le reproduire après la victoire de l'équipe de France contre l'équipe d'Allemagne fédérale. Il y a fort à parier que, désormais, cette sorte de manifestation spectaculaire va se pérenniser, donnant lieu à des surenchères à l'applaudimètre. Un rite est né, car des rites peuvent naître. D'autres meurent. Arguer de leur permanence pour imposer une règle à autrui ne peut donc être qu'une escroquerie.
Enrichissement de l’ « essai » sur la révolution anthropologique en Italie - Pier Paolo Pasolini
Écrits corsaires

Péguy-Pasolini #13 - Diégèse 2016










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