Il
faut donc le dire, et le dire avec solennité : l'affaire Dreyfus fut
une affaire élue. Elle fut une crise éminente dans trois histoires
elles-mêmes éminentes. Elle fut une crise éminente dans l'histoire
d'Israël. Elle fut une crise éminente, évidemment, dans l'histoire de
France. Elle fut surtout une crise éminente, et cette dignité
apparaîtra de plus en plus, elle fut surtout une crise éminente dans
l'histoire de la chrétienté. Et peut-être de plusieurs autres. Ainsi
par un recoupement, par une élection peut-être unique elle fut
triplement critique. Elle fut triplement éminente. Elle fut proprement
une affaire culminante. Pour moi, si je puis continuer ces études que
nous avons commencées de la situation faite à l'histoire et à la
sociologie dans la philosophie générale du monde moderne, suivant cette
méthode que nous gardons de ne jamais rien écrire que de ce que nous
avons éprouvé nous-mêmes, nous prendrons certainement cette grande
crise comme exemple, comme référence de ce que c'est qu'une crise, un
événement qui a une valeur propre éminente. |
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Je
reviens à l'irruption des Femen seins nus
dans l'église de la Madeleine ou celle qui est venue perturber une
intervention de
Tariq Ramadan, irruptions qui leur valent une mise en examen pour
« exhibition sexuelle. » C'est troublant ! Qu'est-ce qui
fait « exhibition sexuelle » ici ?
L'article 222-32 du code pénal relatif à l'exhibition sexuelle,
qui
précède l'article 222-33, relatif quant à lui, au harcèlement
sexuel,
est ainsi rédigé : « L'exhibition sexuelle imposée à la vue
d'autrui
dans un lieu accessible aux regards du public est punie d'un an
d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » Rappelons
qu'il s'agit
de l'un des articles du paragraphe consacré aux agressions sexuelles.
Si l'on considère
l'article textuellement, on constate qu'il évoque l'exhibition
sexuelle, et non pas l'exhibition d'organes sexuels. S'agirait-il
d'ailleurs d'organes sexuels qu'il faudrait prouver que la poitrine
féminine est un organe sexuel. C'est certes un caractère sexuel
secondaire, comme la moustache chez l'homme, mais on ne fait pas les
bébés avec la poitrine. S'il s'agit donc d'exhibition sexuelle, c'est
que l'exhibition en question a un objectif sexuel. Dans le cas qui nous
occupe, celui des Femen, l'intention sexuelle n'est pas prouvée. Elle
est même franchement exclue. La chasteté du curé de la Madeleine, comme
la pudeur de Tariq Ramadan, en l'espèce, n'avaient rien à craindre.
S'il fallait pénaliser désormais l'exhibition de caractères sexuels
secondaires, encore une fois, les tribunaux seraient bien encombrés et
les hommes devraient se raser barbes et moustaches. |