Diégèse




mardi premier mars 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










On nous parle toujours de la dégradation républicaine. Quand on voit ce que la politique cléricale a fait de la mystique chrétienne, comment s'étonner de ce que la politique radicale a fait de la mystique républicaine. Quand on voit ce que les clercs ont fait généralement des saints, comment s'étonner de ce que nos parlementaires ont fait des héros. Quand on voit ce que les réactionnaires ont fait de la sainteté, comment s'étonner de ce que les révolutionnaires ont fait de l'héroïsme.
Et alors il faut être juste, tout de même. Quand on veut comparer un ordre à un autre ordre, un système à un autre système, il faut les comparer par des plans et sur des plans du même étage. Il faut comparer les mystiques entre elles ; et les politiques entre elles. Il ne faut pas comparer une mystique à une politique ; ni une politique à une mystique. Dans toutes les écoles primaires de la République, et dans quelques-unes des secondaires, et dans beaucoup des supérieures on compare inlassablement la politique royaliste à la mystique républicaine. Dans l'Action française tout revient à ce qu'on compare presque inlassablement la politique républicaine à la mystique royaliste. Cela peut durer longtemps. On ne s'entendra jamais. Mais c'est peut-être ce que demandent les partis. C'est peut-être le jeu des partis.

« culture populaire » ! Ce n'est jamais qu'au sein des classes dominantes que le terme est employé. D'emblée, il fleure la nostalgie, celle d'un temps où le parti communiste français était un parti de masse, qui définissait pour le reste de la société, et même pour les autres partis, et même pour les partis de droite, ce qu'était le « populo ». L'évanouissement du PCF a comme effacé la représentation qu'avait le corps social de ce que pouvait être le peuple. Mais, cette représentation était déjà passéiste. Même au beau milieu des années 1970, même lors de la conquête du pouvoir avec les socialistes en 1981, l'image de ce qu'était le peuple, l'iconographie populaire diffusée par les « forces de progrès », était une image du passé, une iconographie du passé, forgée cinquante ans plus tôt pour le Front populaire. Mais, cette iconographie, cette imagerie, cet imaginaire, tout cela était assez largement issu d'une iconographie qui datait de près d'un siècle, créée en plein dix-neuvième siècle, pendant le Printemps des peuples de 1848, elle-même largement fondée sur l'imagerie révolutionnaire de la fin du dix-huitième siècle. Ainsi, souvent, qui évoque la « culture populaire » active une représentation du « peuple » qui date de plus de deux cents ans. La révolte de 1968 peut d'ailleurs aussi s'expliquer par la volonté ardente de la jeunesse, d'une partie de la jeunesse, de s'échapper du carcan de l'imagerie « populariste. » L'affrontement des gauchistes chevelus et des syndicalistes à casquettes était aussi un affrontement esthétique. Ainsi, depuis lors, régulièrement, par différentes manifestations, pacifiques ou non, le peuple signifie au pouvoir, aux pouvoirs, qu'il n'est pas ce que ces pouvoirs croient qu'il est.
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Diégèse 2016 - Péguy-Pasolini #04 -










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