Comment nous
sommes retombés,
redescendus de ce summum, qui ce jour, qui dans cet éclair paraissait
définitivement acquis, comment on nous en a fait redescendre, comment
on a ainsi, autant réussi à faire redescendre cette courbe, c'est le
secret des politiciens. C'est le secret des politiques. C'est le secret
de la politique même. C'est le secret de Dreyfus même, dans la mesure,
et elle est totale, où nous quittant il s'est remis tout entier aux
mains des politiques. Comment on a réussi à tenir cette gageure, à nous
faire tomber de ce maximum total, c'est la grande habileté, c'est le
secret des politiciens. Comment on perd une bataille qui était gagnée,
demandez-le à Jaurès. Aujourd'hui nous sommes condamnés à la
contestation, perpétuelle, jusqu'à cet émoussement, cette hébétude,
cette oblitération, inévitable, qui vient du temps, des générations
suivantes, qu'on nomme proprement l'histoire, la position,
l'acquisition de l'histoire. |
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Si l'on admet
que les deux candidats à la présidence des États-unis, donc, étaient
deux produits en
compétition, lancés par des
campagnes publicitaires, on comprend mieux la déception, sinon la
colère,
de celles et de ceux qui ont trouvé dans leur chariot du supermarché
politique mondial, sans l'avoir désiré, ce produit bariolé qui ne
correspondait pas à leur éthique de consommation. C'est un peu comme si
un consommateur qui ne s'approvisionnait que dans des coopératives bio
à
circuits courts se voyait contraint de passer à la caisse avec une
boite de « junk food » surgelée dont la viande proviendrait
de vaches
abattues en gestation. Ce qui est en jeu, dès lors, c'est moins le
programme du nouveau Président-élu que le fait qu'il n'est pas
« leur
genre de truc ». C'est le sens, en fait des pancartes que la
presse
internationale a pris plaisir à reproduire : « Not My
President ». Sans
brocarder la sincérité de celles et de ceux
qui les ont arborées, elles demeurent cependant un acte politique
infantile visant à reproduire dans la rue les publications des réseaux
sociaux. |