Diégèse | |
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mercredi 19 octobre 2016 | |
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2016 | ||||
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 - | ||||
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Non seulement
il
n'avait donc pas eu pour le métropolitain cette aversion, cette
distance qu'au fond nous lui gardons toujours, même quand il nous rend
les plus grands services, parce qu'il nous transporte trop vite, et au
fond qu'il nous rend trop de services, mais au contraire il avait pour
lui une affection propre toute orgueilleuse, comme un orgueil d'auteur.
On le perçait alors, la ligne numéro I seulement je crois était en
exploitation. Il avait un orgueil local, un orgueil de quartier, qu'ils
eût abouti, déjà, jusqu'à lui, un des premiers, qu'il eût percé jusqu'à
lui, qu'il eût commencé à monter vers ces hauteurs. Il me l'avait dit,
quelques mois auparavant, quand on avait essayé de l'envoyer, comme
tout le monde, vers les réparations du Midi. Il était allé d'hôtel en
hôtel. Il était heureux comme un enfant. Jusqu'à ce qu'il trouva une
espèce de petite maison de paysan ; qu'il me présenta dans une lettre
comme le paradis réalisé. Et d'où naturellement il revint rapidement,
il rentra à Paris. Il me l'avait dit alors, dans un de ces mots qui
éclairent un homme, un peuple, une race1. Voyez-vous, Péguy,
me
disait-il, je ne commence à me sentir chez moi que quand j'arrive dans
un hôtel. Il le disait en riant, mais c'était vrai tout de même. En somme, dans l'action, dans la politique, puisqu'il en faut une, puisqu'il fallait y descendre, il était partisan du droit commun. Droit commun dans l'affaire Dreyfus, droit commun dans l'affaire Congrégations. Droit commun pour Dreyfus, droit commun contre les congrégations. Cela n'a l'air de rien, cela peut mener loin. Cela le mena jusqu'à l'isolement dans la mort. Il était essentiellement pour la justice, pour l'équité, pour l'égalité (non point naturellement au sens démocratique, mais au sens d'équilibre parfait, d'horizontalité parfaite dans la justice). Il était contre l'exception, contre la loi d'exception, contre la mesure d'exception, qu'elle fût pour ou contre, persécution ou grâce. Il était pour le niveau de la justice. |
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La
société, ce que l'on nomme parfois « la société civile » peut
ébranler
et modifier le métarécit. « Nuit Debout », par exemple, avant
d'être
une fabrique de propositions alternatives, est d'abord une de ces
tentatives,
et l'on a vu comment, et combien, cette initiative inattendue avait
rendu fébriles les acteurs du métarécit politique et médiatique. Comme
le ferait un macrophage, il s'agit donc de « digérer » par le
métarécit
tout ce qui pourrait modifier le métarécit ou, a fortiori, en sortir. Mais il arrive que le système se dérègle et développe des formes de maladie auto-immunes. Ainsi, par exemple, de manière d'abord subreptice, et, désormais, explicite, une partie de l'appareil socialiste et des commentateurs affidés ont désigné Alain Juppé comme cible principale. La raison en est évidente : il est le candidat qui peut rassembler le plus d'électeurs de la droite républicaine, du centre républicain et aussi de la gauche républicaine. Il rassure là ou d'autres inquiètent ou désespèrent. Son passé parisien est effacé, or, les électeurs détestent le parisianisme. On ne lui connaît aucune photographie avec des dictateurs. Il n'a pas d'embonpoint. Il n'est ni trop petit, ni trop grand. Sa voix est bien timbrée. Bordeaux est une belle ville. Il est gaulliste, mais d'un gaullisme qui est gaulliste. Bref, il peut jouer un rôle de premier plan dans le métarécit national sans avoir besoin d'inventer des fables abracadabrantesques. Faire de lui la cible unique de critiques au prétexte qu'il serait dangereux électoralement est à la fois immoral et stupide. Stupide, car l'électeur attend autre chose du débat politique que des tactiques de cour de récréation. Immoral, car ce n'est pas en affaiblissant ceux qui portent haut les valeurs républicaines que l'on renforce la République. Et c'est même doublement stupide, car je parierais bien que cela va avoir l'effet contraire de celui qui est escompté. |
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Charles Péguy - Notre Jeunesse - | |
Péguy-Pasolini #19 - Sortir du métarécit | |||||||
1. Il convient ici de rappeler que Péguy écrit Notre jeunesse en 1910, avant de mourir dans les premiers combats de 1914. Il a été l'un des premiers défenseurs de Dreyfus, et Notre jeunesse, pamphlet politique qui oppose la mystique à la politique se fonde sur le souvenir des luttes pour Dreyfus. Il ne faudrait donc pas lire le texte de Péguy à la lumière des événements qui se sont déroulés lors de la montée du fascisme et du nazisme et de l'antisémitisme des années 1930, de la shoah et de la création de l'État hébreu. Ce serait évidemment un contresens. De la même façon, le mot "race" a chez Péguy le sens qu'il avait au XIXème siècle et a un sens proche de "lignée" | |||||||||
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