Diégèse




samedi 10 septembre 2016



2016
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#Péguy-Pasolini - les textes de Diégèse 2016 -










Il faut leur faire cette justice qu'ils sortent de cette lecture généralement stupéfaits. Ils ne soupçonnaient point qui nous étions. Et surtout ils ne soupçonnaient point que nous l'étions dès le principe. Que nous l'avions été depuis si longtemps, depuis le principe. Ils ne soupçonnaient point cette longue, cette initiale, cette impeccable fidélité. Cette fidélité de toute une vie. Notamment, éminemment ils ne soupçonnaient point ce que c'était qu'un homme comme Bernard-Lazare. Il faut penser que dans ce dossier, dans cette consultation, qu'il faut lire, qui n'est pas seulement un admirable monument mais un monument inoubliable, Bernard-Lazare s'opposait de tout ce qu'il avait encore de force à la dénégation, à la déviation du dreyfusisme en politique, en démagogie combiste. Que ceux qui ont succombé, qui ont cédé, si peu que ce fut, à la pire de toutes les démagogies, à la démagogie combiste, fassent des apologies, ou qu'on en fasse pour eux. Mais pour ceux qui ont été inébranlables, pour ceux qui n'ont pas cédé d'une ligne, de grâce, que l'on n'en fasse point. Quand on relit cet admirable mémoire de Bernard-Lazare, on est comme choqué, il vient une rougeur à cette idée seulement que l'idée viendrait qu'un tel homme fût englobé, pût être englobé inconsidérément par des tiers, par le public, par les ignorants, dans les graciés, dans les bénéficiaires d'une apologie.
Le thème de la décadence de l'occident, qui est aussi un mythe, n'est cependant pas le fait des seuls musulmans. Le personnel politique, principalement à droite, n'hésite plus désormais à utiliser ce terme auquel il préférait jusqu'alors celui de « déclin ». Certes, il y a un écart sémantique entre « déclin » et « décadence », écart sur lequel nous reviendrons, mais cet écart est aussi et surtout politique. En effet, depuis les années 1930, la droite républicaine hésitait à entonner la complainte de la décadence qui, politiquement, était un marqueur de l'extrême-droite. Céline, Maurras, Drumont ont été à la fois des antisémites emportés et les chantres compassés de la décadence de la France, décadence qu'ils attribuaient, principalement, aux Juifs. Le thème politique de la décadence de la France s'enracine historiquement dans l'anti dreyfusisme, l'anti parlementarisme, voire, pour la frange royaliste de l'extrême-droite, dans l'anti républicanisme. Il se fonde notamment sur la thèse de l'ennemi de l'intérieur et sur la présence au sein de la Nation de traitres incarnés par « la gauche » et surtout ce qu'elle produit de pire : « l'intellectuel de gauche » évidemment « cosmopolite ». Il serait amusant s'il n'était pas tragique de pointer que ceux qui dénonçaient les traitres supposés ont été des collaborateurs zélés quelques années plus tard. Il n'est donc pas politiquement anodin que des personnalités politiques de droite, en apparence éloignées de l'extrême-droite, en viennent à redonner vie à ce vieux mythe nauséabond de la décadence. Ainsi, ces derniers mois, par exemple, Valéry Giscard d'Estaing, dans le Parisien, puis François Fillon, sur Atlantico, ont chacun évoqué la décadence de la France. Qu'ils aient eu, l'un et l'autre, précédemment, du goût pour les sornettes des déclinistes tel Nicolas Baverez est notoire, qu'ils basculent dans le « décadentisme » est une autre affaire, qu'il convient bien d'examiner de plus près.
Charles Péguy - Notre Jeunesse  -
Péguy-Pasolini #17 - Diégèse 2016










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