Diégèse




vendredi 6 décembre 2019



2019
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Une suite d'erreurs 340



Daniel Diégèse














Ainsi, le récit politique subliminal de la droite française, donc, le récit réel, est une suite d'événements qui conduisent immanquablement à la chienlit. Et ce n'est pas le moindre paradoxe que ce récit supposé conquérant et réparateur se construise sur une série de défaites et de rendez-vous manqués avec l'histoire. Sans entrer exagérément dans les détails on citera : la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette - plus que la Révolution car, désormais, très largement, la droite est républicaine ; Waterloo - la haine des Anglais ; Sedan et la Commune - on ne sait plus bien qui est responsable de quoi ; 1940 et le Front populaire ; la perte de l'Algérie française ; 1968 - la mère de toutes les catastrophes de la deuxième moitié du XXe siècle ; 1981 et l'élection de François Mitterrand... Et l'histoire n'est pas terminée. Il pourrait être assez amusant si ce n'était pathétique de constater qu'au fil du temps et de l'histoire, la droite intègre à son logiciel des avancées sociales et de nouveaux droits gagnés le plus souvent contre elle. C'est même un autre paradoxe de relever qu'au pouvoir, elle ne revient jamais ou presque sur les nouveaux droits acquis sous un pouvoir de gauche ou plutôt à gauche, préférant essayer de continuer à appauvrir encore davantage les pauvres. C'est que la droite française, contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas une droite idéologique et, pour tout dire, n'est pas une droite politique. C'est une droite économique et bourgeoise sans autre idéal que le profit. Ses envolées sur la famille, par exemple, ne sont que d'apparence, considérant que tout autre discours ne serait pas de droite. Dans les faits, la droite se fout de la famille car, si ce n'était pas le cas, elle ne laisserait pas l'immense majorité des familles dans une relative précarité. L'idéal secret de la droite, c'est l'homme blanc célibataire cadre supérieur qui travaille plus de cinquante heures par semaine sans revendiquer son homosexualité et qui n'invite pas son copain - qui n'est pas son conjoint - aux fêtes de fin d'année de la boîte.

Le récit de la gauche française, quant à lui, est aussi entaché de défaites. C'est la Révolution qui sombre dans le Premier Empire et le coup d'État de 1851 qui vaut l'exil à Victor Hugo. C'est la résistance communiste qui cède le pouvoir au Général de Gaulle. C'est 1968 qui cède le pouvoir au Général de Gaulle. C'est 1981 qui devient social-démocrate et 2012 qui devient néolibéral. Et c'est enfin le ni droite ni gauche qui devient droite en 2017, mais cela, il n'était pas bien difficile de le deviner, car, on sait depuis longtemps que, justement, n'être ni de droite ni de gauche est surtout l'apanage de la droite.









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4e de couverture






Comment en est-on arrivé là ? On entend souvent cette question qui n'appelle jamais vraiment de réponse convaincante. Car, il semble admis que si l'on en est arrivé « là », c'est que l'on ne sait justement pas pourquoi... Car sinon, on n'en serait pas « là ».
Daniel Diégèse, sociologue averti, montre justement comment, dans le discours politique comme dans le discours médiatique, ce qui est en fait une fausse question est tout autant un diagnostic d'impuissance, mais aussi, l'aveu d'un mensonge. Il montre ainsi que les locuteurs savent le plus souvent parfaitement quelle est « la suite d'erreurs » qui a conduit à cette situation périlleuse sinon désespérée. Bref, on sait toujours parfaitement pourquoi et comment on en est arrivé « là ». Car, Daniel Diégèse est aussi linguiste et psychanalyste et il ne faut pas moins de ses trois spécialités et de ses trois compétences pour déjouer le mensonge de l'expression publique commune, la dénégation et le déni. Il analyse ainsi, avec finesse, les expression du personnel politique et médiatique lors de crises sociales et politiques, et, par exemple la chaîne souvent entendue : « je veux savoir comment on en est arrivé là et les responsables seront trouvés et punis ». Daniel Diégèse, exemples à l'appui, montre que, dans les faits, le locuteur a une idée assez précise de l'enchaînement des causalités et de la chaîne des responsabilités, de laquelle, généralement, il ne saurait être exempté.
Bref, un livre passionnant, qui ne vous rassurera cependant pas sur les raisons pour lesquelles on en est arrivé « là ».










6 décembre







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