Diégèse




vendredi 13 décembre 2019



2019
ce travail est commencé depuis 7287 jours (3 x 7 x 347 jours) et son auteur est en vie depuis 21740 jours (22 x 5 x 1087 jours)
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libido sciendi
(en ces temps numériques)
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Gustav Diégèse














Il a la tête ailleurs. Elle est sur son petit nuage. La formule, prononcée au cours d'un repas, lors d'une conversation de groupe, attribuait souvent cette légère absence à un état amoureux qui transportait l'absent ou l'absente près de son amour. Cette ubiquité fantasmatique de l'amour en était l'une des caractéristiques et elle le demeure, mais elle est évidemment singulièrement amplifiée par les prothèses technologiques que nous portons, toutes et tous ou presque, sur nous en permanence. Que l'objet vibre, pour les plus discrets, ou sonne brièvement, pour les étourdis ou les malpolis, il signale assurément qu'un arc invisible relie deux êtres pourtant physiquement éloignés. Dans les temps anciens, lorsque l'aimé ou l'aimée étaient éloignés l'un de l'autre, il était possible, pour les plus fortunés, de commander un camée présentant le visage de l'absent ou de l'absente. Puis, ce furent des photographies. La possibilité de faire des vidéos instantanées depuis presque partout sur la planète réduit le sentiment de l'absence à presque rien. Qu'est-ce qui s'absente désormais ? Uniquement ou presque la possibilité de se toucher, de se sentir, d'éprouver la matérialité de l'autre. Pour autant, puisque les échanges amoureux virtuels excitent à ce point la libido, n'est-il pas envisageable que la conversation in praesentia, le baiser et même la relation sexuelle deviennent peu à peu moins désirables que les pratiques connectées ? La question, du seul point de vue anthropologique, mérite d'être posée. Ne lit-on pas dans la presse que, déjà, les jeunes ont moins de relations sexuelles que leurs ainés au même âge ? Ne lit-on pas aussi que, dans le même temps, les objets permettant d'atteindre seule ou seul l'orgasme ne cessent de se sophistiquer, se dotant même de dispositifs d'intelligence artificielle permettant de collecter les données personnelles de l'utilisatrice ou de l'utilisateur afin de lui permettre la meilleure des jouissances ?
Cependant, ces prédictions de l'extinction de la sexualité matérialisée sont faciles et très certainement sans avenir. Pourquoi ? Parce qu'elles semblent supposer que la seule motivation à la sexualité est le plaisir, ce qui est évidemment faux. Je n'évoquerai pas la procréation. Il y a longtemps que l'on sait qu'il y a d'autres moyens que l'acte sexuel pour procréer et c'est très bien ainsi. La sexualité est la possibilité ultime d'éprouver notre matérialité au contact de la matérialité de l'autre. Comme le dit Roland Barthes dans un de ses cours au Collège de France : « si l'on ne peut jamais toucher le corps de l'autre, à quoi bon vivre ? », dit-il, et il ajoute : « je pose la question seulement, évidemment. » Le fait est qu'il pose la question quelques semaines avant de mourir de manière accidentelle.
Gageons que la sexualité matérialisée à de beaux jours et de belles nuits devant elle. Qu'elle soit dans une forme de concurrence avec d'autres formes de sexualités dématérialisées, elle en a l'habitude depuis des lustres. Le fantasme est aussi un sex-toy très sophistiqué.









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4e de couverture






Qu'en est-il du désir au temps des réseaux sociaux, des moteurs de recherche et des livres numériques ? C'est la question que Gustav Diégèse, qui travaille depuis longtemps sur la sociologie des technologies, examine dans ce petit ouvrage où tout utilisateur d'un téléphone mobile connecté à l'internet pourra reconnaître ses usages. Qu'est-ce que nous proposent de connaître les réseaux sociaux ? La plupart du temps, rien ou presque rien... Les publicités se mêlent aux informations, vraies et fausses qui, vraies ou fausses, sont souvent dérisoires. En quoi ce fatras d'images et de mots nous excite-t-il ? Est-ce nouveau ou est-ce que cela a toujours été comme ça ?
Loin des prédicateurs de cataclysmes de la connaissance ou des chantres du numérique comme facteur de progrès, Gustav Diégèse démonte un à un les ressorts de nos clics compulsifs, de nos émois informationnels, de nos orgasmes colériques.
Débranchez tout ! Éteignez vos ordinateurs, téléphones et tablettes. Déconnectez les objets connectés.
Vous désirez encore ?










13 décembre







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