Diégèse




jeudi 28 février 2019



2019
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Gagner la démocratie 59



Gustav Diégèse














Si l'on considère le système institutionnel démocratique français, il est possible de distinguer les points d'usure, de la même manière que l'on désigne dans une mécanique ces points qui, soumis davantage au frottement, sont ceux qui peuvent gripper la mécanique, sinon la disloquer. Que ce soit à l'échelon national ou à l'échelon local, le point d'usure le plus évident de la mécanique démocratique française est constitué par les cabinets, des ministres en ce qui concerne l'État, des élus en ce qui concerne les collectivités.

Considérons en premier lieu les cabinets ministériels. Les gouvernements qui se sont succédés depuis près d'une vingtaine d'années ont tous, ou presque, tenté de réduire le nombre de conseillères et de conseillers et de clarifier leur rôle en regard de celui de l'administration. Aucun n'a vraiment réussi à positionner correctement ces officines qui, à peine nommées, ne semblent avoir pour objectif que de s'exercer à l'abus de pouvoir. On peut avoir à l'esprit telle ou telle affaire de conseiller pris sur le fait de trafic d'influence sinon de corruption et l'on considère alors que c'est le contre-exemple de l'opprobre dans un océan de vertu. Il faudrait cependant y regarder de plus près et affronter sérieusement la culture de la corruption qui est celle de l'entourage des puissants en France et qui va de la petite affaire de passe-droit aux affaires plus sérieuses qui font parfois la une des journaux.

Quels sont les leviers de ces mécaniques vicieuses ? Ils sont connus et régulièrement dénoncés. Les parcours d'études semblables dans des écoles favorisant la solidarité entre anciens sont certainement, à l'échelon national, l'une des premières raisons. Le tutoiement est de rigueur et il est convenu que l'on peut s'appeler pour demander tout et n'importe quoi à celle ou à celui qui est « sorti.e » dans tel ou tel ministère et qui, par le jeu des carrières se trouve appelé.e dans un poste technique auprès d'une ou d'un ministre. On pense évidemment à l'École nationale d'administration, mais ce sont aussi d'autres écoles plus ou moins prestigieuses qui forment ce qu'il est convenu d'appeler les élites. Mais, le premier facteur n'est pas celui-là, mais plutôt le militantisme politique et syndical. On se souvient que le Mouvement des Jeunes socialistes, le MJS, avait été qualifié « d'école du crime. » Il fallait aller dans les sections du parti socialiste il y a une quinzaine d'années pour mesurer déjà le pourrissement avancé de ce parti, pourrissement qui ne pouvait que l'amener, immanquablement, à une catastrophe électorale annoncée. N'est-ce pas ce qui était arrivé quelques années plus tôt au communisme municipal ? D'autres partis suivront ou ont déjà suivi.

Mais le ver demeurera dans le fruit tant que des mesures drastiques de transparence n'auront pas été prises.









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4e de couverture






Depuis la fin du 18e siècle, la démocratie semble s'être imposée comme la forme d'organisation politique de référence. Assaisonnée à plusieurs sauces historiques, qu'elle soit parlementaire, directe ou participative, elle se fonde sur les mêmes principes établis dès l'antiquité.
Le pari que fait Gustav Diégèse dans Gagner la démocratie est celui de parvenir à démontrer qu'aucun régime, historiquement, depuis le début de la période moderne, n'a su s'établir durablement sur le socle de principes démocratiques qui, dès qu'ils ont été énoncés, ont été d'emblée détournés.
L'auteur analyse ainsi les mécanismes qui semblent distinguer la démocratie des autres formes de régimes : le vote, le parlement, par exemple, et démontre que ces mécanismes ne sont pour autant, systématiquement et de manière paradoxale, que les instruments de la corruption même de la chose démocratique.
Gustav Diégèse n'est certes pas le premier à s'engager sur ces chemins critiques, et l'on reprend bien sûr avec lui, et avec bonheur, le chemin de Tocqueville et de Montesquieu. L'intérêt de son dernier ouvrage est cependant de placer ces problématiques dans notre temps, celui des réseaux, de l'information instantanée et de la rumeur numérique. Un livre salutaire au moment où, plus que jamais, de nouveaux Tocqueville pourraient s'interroger sur la Démocratie en Amérique.










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