Diégèse




dimanche 13 janvier 2019



2019
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Je ne sors pas la nuit à Vintimille 13



Noëmie Diégèse














Antonia a donné rendez-vous à Talia le lendemain. Elle a réfléchi au meilleur endroit, celui où Talia serait le moins en danger. Elle avait d'abord pensé à la place de la Constitution, mais elle est sur la voie Aurélienne et tout ce qui est sur la voie Aurélienne est très surveillé. En effet, les migrants ne prennent pas l'autoroute qui passe un peu plus au nord. Une autoroute est une longue prison. Impossible de s'en échapper. Impossible de se cacher. Ils lui préfèrent donc cette antique voie romaine, grâce à laquelle Jules César ne mit que huit jours pour, depuis Rome, rejoindre la ville d'Arles. Il faudrait sans doute beaucoup plus de temps aujourd'hui à Talia si elle voulait se rendre à Arles.

Antonia se prend à rêver. L'espace méditerranéen en entier serait ouvert. On en ferait facilement le tour, sans crainte, sans risque. Le ferry depuis Tanger ou depuis Algésiras serait gratuit, ou presque et l'on n'aurait pas besoin de présenter de papiers d'identité... Antonia sait qu'elle sera morte avant que ce rêve devienne réalité, s'il devient jamais réalité.


Pour le rendez-vous avec Talia, elle a aussi pensé au quartier de la gare. Mais il y a souvent des rafles et le quartier est mal famé de jour comme de nuit. Le plus simple est encore le jardin public du côté de la rue Vittorio Veneto. Ce n'est pas très loin du marché communal. Elle pourra s'y approvisionner en y allant, ou bien au retour.

Elle marque une pause. N'est-ce pas là l'endroit exact où elle a rencontré Talia la première fois ? Elle sourit. Les villes ont toutes leurs panneaux indicateurs invisibles et universels qui font que les étrangers savent rapidement où aller et où ne pas aller.

Elles se verront donc au jardin public. C'est encore le plus sûr.










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4e de couverture






Antonia a passé toute sa vie à Vintimille, presque à la frontière française, et Antonia est assez âgée pour se rappeler comment, quand elle était petite, son père, membre actif du parti communiste italien, se cachait des fascistes. Elle sait aussi que ses parents ont choisi son prénom en mémoire d'Antonio Gramsci et qu'ils étaient heureux d'avoir une fille que « Mussolini n'aurait pas ». Elle se souvient enfin que, sous les Fascistes, sa mère ne sortait pas la nuit dans Vintimille, craignant les petites frappes du Duce.

Antonia rencontre un jour une jeune soudanaise, Talia, qui ramasse quelques légumes à moitié pourris près du marché. Se noue entre les deux femmes une relation d'amitié. Pour Antonia, protéger Talia, qui, elle non plus, ne sort pas la nuit à Vintimille, n'est que le prolongement des luttes utopiques de ses parents et de la pensée de Gramsci.

Avec ce roman, Noëmie Diégèse rappelle avec grâce qu'elle est une femme engagée. On espère tout au long du livre qu'un.e réalisateur.trice aura la bonne idée de porter à l'écran cette belle histoire d'humanité.










13 janvier






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