Diégèse




lundi premier juillet 2019



2019
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C'est quand, la réalité ? 182



Mathieu Diégèse














Théodore : « qu'est-ce que tu fais mamie ?
Mamie : je regarde le catalogue des expositions de l'été.
Théodore : tu vas m'emmener voir des expositions ?
Mamie : oui, sans doute, s'il ne fait pas beau ou bien encore s'il fait trop chaud. Les expositions sont climatisées.
Théodore : pour quoi faire Mamie ?
Mamie : pourquoi aller voir des expositions ?
Théodore : non, pour quoi faire aller voir des expositions ? »

Elle considère le petit garçon qui lui pose une nouvelle fois une question bizarre. Elle ne s'est jamais posée la question de cette façon. Cela fait désormais près de cinquante ans qu'elle écrit sur l'art et même si elle a réduit son activité depuis quelques années, elle publie encore plusieurs articles par mois. Cela fait donc près de cinquante ans qu'elle va dans les expositions pour ensuite écrire sur ce qu'elle y a vu. Mais, elle n'a jamais pensé qu'elle y allait pour écrire. Elle considère qu'elle peut se poser cette question mais qu'elle y réfléchira plus tard.

Mamie : « qu'est-ce que tu voudrais y faire, toi, dans les expositions ?
Théodore : prendre des photos pour plus tard.
Mamie : pour plus tard, quand tu seras grand ?
Théodore : vous les adultes, vous êtes obsédés par l'idée que les enfants veulent grandir. Moi, je grandis. Le médecin l'a dit et on a fait une toise ici sur la porte de la salle de bain. Quand je vois le trait de l'année dernière, je n'imagine pas que j'ai pu être aussi petit. Mais, le reste du temps, je ne pense pas à grandir. Je grandis sans y penser.
Mamie : et les photographies pour plus tard alors ?
Théodore : c'est pour regarder autrement.
Mamie : autrement ?
Théodore : oui, pour pouvoir choisir moi ce que je veux regarder. Dans les expositions, il y a quelqu'un qui choisit pour toi. Moi, je veux prendre des photographies pour choisir.
Mamie : mais, tu peux choisir sans prendre de photographies, directement dans l'exposition.
Théodore : sauf qu'il y a toujours quelqu'un qui veut te donner des explications. Surtout quand tu es un enfant. Moi, je veux prendre des photographies et qu'on ne me donne des explications que si j'en demande. »

Elle se souvient combien il fallu batailler pour avoir des médiatrices et des médiateurs dans les musées... Elle se rappelle les écriteaux qui précisent qu'il est interdit de photographier, surtout dans les expositions temporaires qu'elle voulait aller voir. Elle se demande si c'est une bonne idée d'aller voir des expositions avec ce Théodore en pleine crise de « pourquoi ».









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4e de couverture






Le jeune Théodore inquiète ses parents. Tout allait bien. C'était un jour de départ en vacances. Théodore était sanglé dans son siège aménagé à l'arrière du véhicule familial. On lui avait installé de petits jouets et un biberon d'eau se logeant parfaitement dans son support intégré. Mais voilà ! Soudain, Théodore, au lieu de lancer le classique « c'est quand qu'on arrive ? », braille « c'est quand la réalité ? ». Ce cri philosophique inattendu dans la bouche d'un enfant de quatre ans manque de provoquer un accident sur l'autoroute qui conduit vers la maison familiale où les grands-parents ont préparé des chambres parfumées et des repas sans pesticide.
Dès lors, les vacances vont tourner autour de ce cri, surtout que Théodore, sans doute fier de son succès, va persister dans ses questions troublantes. Il a un public. Son père est professeur de philosophie, sa mère est psychanalyste, son grand-père pédiatre et sa grand-mère journaliste dans une revue d'art.
Ce roman de Mathieu Diégèse est drôle et sympathique comme un film français des années 1970. C'est tout autant une satire de la bourgeoisie cultivée et un peu surannée qu'une initiation à la philosophie.
Bien sûr, toute ressemblance avec la « réalité » serait fortuite.










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