Diégèse




mardi 18 juin 2019



2019
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Reprendre Corps 169



Noëmie Diégèse














Interrogation sur le pied

Je pense et je ne suis pas. Je suis et je ne pense pas. Je ne pense pas, mais je suis. Je suis, mais je ne pense pas.

Imaginons maintenant un diagramme qui symbolise les quatre phrases ci-dessus. Ce diagramme a pour objet de matérialiser les liens sémantiques et fonctionnels entre ces phrases. Il faut réussir à dessiner, donc, à imaginer comment, tour à tour, ces quatre phrases, s'attirant et se repoussant, forment une forme de système, qui est un système vital.

Je pense et je suis un peu. Je pense un peu et je suis. Je ne pense pas beaucoup, mais je suis un peu. Je suis évidemment et je pense peut-être.

Ce système est une forme en déséquilibre du système précédent qui fonctionne par introduction d'intensités variables. Il n'est pas concurrent du système précédent.

Il est aussi possible de le faire varier autrement.

Pourtant, au jour le jour, le système vital, ou plutôt les systèmes vitaux qui fonctionnent en parallèle dans des espaces temps compatibles, peuvent être enrayés par l'intrusion de l'avoir.

Et, c'est l'interrogation : « qu'est-ce que j'ai ? »

En ce qui me concerne, la question est devenue : « est-ce que j'ai ? »

Et pourtant non.

Si je considère mon pied droit, depuis mon réveil, je ne doute pas d'avoir un pied droit, je ne doute pas que mon corps comprend deux pieds dont un pied droit, je ne doute pas qu'un corps soit contigu à mon existence, voire lui soit confondu. Je suis un corps. Mais, quotidiennement, je tente non pas d'être un corps mais d'avoir un corps et mon corps se dérobe à cet avoir.

Aujourd'hui, je crois avoir suscité le mouvement d'un des orteils du pied droit qui m'est assigné comme pied droit, mais que je n'ai pas et dont je pense qu'il constitue une part importante, mais secondaire, de mon être.









page 169










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4e de couverture






Ce roman aurait tout aussi bien pu prendre pour titre Noli me tangere. « Ne me touche pas » dit Jésus Christ à Marie-Madeleine qui, la première, le voit ressuscité. Depuis plus de deux millénaires, cette phrase suscite une glose nourrie. Qu'a-t-il bien voulu dire ? Et si le Christ n'avait en fait voulu dire qu'il n'est pas si facile de reprendre corps ?
Léo, lui, n'est pas ressuscité, mais presque. Pendant plusieurs années, à la suite d'un accident de la route, il est resté dans le coma. Et puis, un jour, un soir exactement, il a commencé à se réveiller et à reprendre corps. Noëmie Diégèse, comme sous la dictée, écrit le roman de ce retour vers sa corporéité. Et ce roman est universel, car on s'accommode toutes et tous au fait d'avoir un corps sans jamais vraiment s'y habituer entièrement. Pour Léo, ce retour vers un corps qui l'avait trahi s'accompagne d'une forme d'hyperesthésie très particulière. Il ressent tous les événements de son corps avec une intensité incroyable. Ce retour est long, joyeux et douloureux à la fois.
Bien sûr, ce roman est aussi une fable philosophique. Qu'est-ce qu'avoir un corps ? Ou plutôt, qu'est-ce qu'être un corps sans l'avoir ? Vous vous surprendrez, après avoir lu ce roman magnifique, à regarder étrangement votre main, vos pieds, ou toute autre partie de ce corps qui est vôtre sans jamais vous appartenir entièrement.










18 juin







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