Diégèse




mardi 22 octobre 2019



2019
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Je regarde la nature 295



Gustav Diégèse














Qu'est-ce que c'est ? La question fuse par exemple face à tel cliché photographique. Supposons que ce soit un détail de la façade de la maison du photographe. La réponse en elle-même n'est rien si l'on ne considère pas le statut du cliché photographique en question. S'il est strictement vernaculaire : X a photographié ce détail pour trouver un artisan qui va reprendre les fissures de la façade, la légende de la photographie établit un certain type de lien entre le signifiant et le signifié. Si l'auteur de la photographie institue ce cliché en tant qu'œuvre, alors, ce rapport s'en trouvera modifié. Dans le premier cas, la réponse à la question « qu'est-ce que c'est ? » est extra-picturale, elle est motivée. Dans le second cas, cette même réponse fonctionne en tant que légende, en tant que cartel, mais admet qu'elle n'est pas la réponse qui serait seulement : « C'est une œuvre. » L'ontologie de l'œuvre d'art est toujours tautologique. On ne sort jamais vraiment du «c'est une œuvre parce que c'est une œuvre » et cela, s'agissant d'une œuvre conceptuelle ou d'une statue antique.

Qu'est-ce qui pourrait, dès lors, nous faire sortir de la boucle tautologique de l'ontologie de l'art ? On pourrait penser au totem, c'est à dire, à l'attribution à une image, à un objet particulier, une valeur et un rôle qui ne sont pas de l'ordre de la vie matérielle. Cela peut être une statue de la Vierge aux pieds de laquelle on place une bougie votive dans n'importe quelle église, un masque fétiche africain, ou encore un de ces crucifix destiné à la tête du lit conjugal dans les maisons d'antan. Pour autant, cette valeur totémique ne diffère pas fondamentalement de la valeur artistique attribuée à l'œuvre d'art et même, elle l'éclaire. Il n'y a aucune preuve à demander à la statue de la Vierge qu'elle est la Vierge, ni au masque fétiche, ni au crucifix au-dessus du lit. Il n'y a, de la même façon, aucune preuve à demander à l'œuvre d'art, qu'elle soit une fresque du quatorzième siècle ou un urinoir renversé appelé « Fontaine ». André Malraux dans Les Voix du silence, ne dit d'ailleurs pas autre chose, dès le tout début de la première partie de ce livre majeur intitulée Le Musée imaginaire : « Un crucifix roman n'était pas d'abord une sculpture, la Madone de Cimabue n'était pas d'abord un tableau, même la Pallas Athéné de Phidias n'était pas d'abord une statue. » On pourrait continuer la phrase de Malraux en écrivant que l'urinoir de Marcel Duchamp n'était pas d'abord une œuvre d'art. Dès lors, du strict point de vue ontologique, quelle est la différence entre la Madone  de Cimabue et Fontaine ? Cela dépend uniquement de chacune et de chacun. Est-ce que je vois la Vierge dans cette peinture ? Est-ce que je ne vois qu'un urinoir renversé ? C'est donc une question de foi et non d'ontologie.









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4e de couverture






Il irait de soi que la nature est naturelle, que rien dans la nature ne saurait être, ni même paraître, artificiel. Et pourtant, dans cet essai, le philosophe Gustav Diégèse démontre que ces catégories de pensée ne sont pas opératoires. Sa thèse est simple, et n'est d'ailleurs pas nouvelle : ce qui est ne peut pas ne pas être et perd dès lors son caractère d'artificialité au moment où il advient, serait-ce un produit issu de la dernière chimie moléculaire. Et ce qui est perçu, ne peut être en dehors de la perception du sujet, et, dès lors, son caractère naturel n'est qu'une supposition, une conjecture, serait-ce une fleur, un insecte, une montagne.
Certes, Gustav Diégèse n'est pas le premier philosophe, depuis que la philosophie existe, à poser ainsi les bases d'une ontologie doublement articulée. L'originalité de son ouvrage vient sans doute des exemples photographiques qu'il donne, laissant l'esprit s'appuyer un temps sur les images avant de reprendre le fil subtil de la pensée.
Ce livre agit donc comme une une méditation intense. Il ne réclame aucune connaissance philosophique préalable, seulement de vous laisser emporter par le déroulement de la pensée. Et vous verrez alors, et vous penserez alors, en même temps.










22 octobre







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