Diégèse | |||||||||
lundi 28 octobre 2019 | 2019 | ||||||||
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Trop difficile à comprendre | 301 | ||||||||
Noëmie Diégèse | |||||||||
Pour
les universités
populaires, la difficulté n'est pas
de trouver des spécialistes de telle ou telle question qui acceptent de
venir faire des conférences, le plus souvent gratuitement ou presque.
Il y a toujours des érudites et des érudits qui acceptent de venir
parler en public et qui en sont flattés. Sans vouloir préjuger de la
qualité de ces communications, elles souffrent pourtant d'un défaut de
naissance, celui de vouloir inculquer plus que transmettre une culture
livresque présupposée cultivée et qu'à d'autres époques on aurait
qualifiée de culture bourgeoise. Bien plus difficile est de trouver des
spécialistes qui acceptent de partir de la vie quotidienne de leur
auditoire pour fournir et même co-construire des éléments d'analyse de
la situation des pauvres. Ainsi, une université populaire de maintenant
serait d'abord une université de l'économie, de la sociologie, du
post-colonialisme, du libéralisme comme totalitarisme et bien sûr du
réchauffement climatique comme vecteur d'accélération des inégalités au
niveau mondial. On le comprend d'emblée, une université populaire n'est
donc pas supposée entonner les canons du libéralisme, que ce soit du
point de vue économique, du point de vue social et aussi ce celui de la
formation. À l'aune de l'employabilité des pauvres, c'est à dire de
leur exploitation par les forces capitalistiques au service des marchés
mondialisés, elle sera de peu d'aide. Bien au contraire, elle ne pourra
être, si elle fonctionne, qu'instrument d'émancipation individuelle et
collective de ces mêmes forces et conduire le plus souvent à la
révolte. Son financement par les classes dirigeantes va donc poser
rapidement problème. Elles veulent bien payer pour former les pauvres à
rester pauvres, mais utiles à leurs intérêts ; elles ne veulent
pas
payer pour en faire des révolutionnaires. Fort heureusement, le concept d'université populaire a trouvé ses dévoiements, le premier d'entre-eux étant celui imposé à Caen par Michel Onfray, au point que l'on pourrait forger une notion que l'on nommerait « onfrayïsation ». Que serait l'onfrayïsation ? Ce serait une dérive qui connaît trois temps : dans un premier temps, il s'agit de se forger une stature d'intellectuel, de penseur à partir d'une petite culture de professeur du secondaire ; dans un second temps, il s'agit de délivrer des conférences avec des effets rhétoriques qui plaisent aux retraitées et aux retraités qui, désœuvrés dans une ville pluvieuse, rempliront les salles. Ce deuxième temps peut être accompagné de publicité médiatique fournie sans réflexion par des médias prompts à considérer le peuple comme une bande d'abrutis qu'il faudrait instruire. Car, cette deuxième phase s'effectue toujours sur le mode de l'instruction plus que sur celui de l'éducation et les retraités ébahis rentrent chez eux avec des devoirs à faire à la maison. Dans la troisième phase, il s'agit seulement de lâcher régulièrement de grosses bouses doxales en ciblant tout particulièrement celles et ceux considérés à travers le temps comme progressistes. Le tour est alors joué. Paraître paradoxal, ou mieux, contre-doxal, tout en étant doxal, donc populiste, tel est l'objectif. Car, le populisme est la diffusion d'opinions doxales sans nuances, et c'est la mission assignée aux éducateurs populaires onfrayïsés. Il faut alors se souvenir qu'historiquement, le mal est toujours venu de ce côté. |
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page 301 | |||||||||
Toute la collection | 4e de couverture | ||||||||
Où
en est-on de l'éducation populaire aujourd'hui ? Alors que l'on
constate et que l'on déplore partout dans le monde la montée des
populismes de tout crin, alors que dans des pays jadis préservés des
poussées fascisantes, les fondements de la démocratie vacillent, quel
est le projet politique qui met l'éducation populaire au cœur de son
ambition ? C'est la question que Noëmie Diégèse s'est posée. Pour
tenter d'y répondre, elle est allée à la rencontre de celles et de
ceux, souvent méconnus, parfois méprisés, qui continuent inlassablement
à instruire, expliquer, transmettre, promouvoir la connaissance en
dehors des institutions scolaires et universitaires. Le livre de
Diégèse est sans ignorer les rares dérives, assez rares cependant, que
ces initiatives peuvent aussi produire, comme à Caen où l'Université
populaire fait les frais des dérives identitaires égotistes de son
principal créateur. Si le livre de Noëmie Diégèse donne encore espoir à l'heure des « infox » et du complotisme le plus crasse, il permet de mesurer aussi l'immense abandon dans lequel les pouvoirs laissent la population, la totale absence d'ambition pour l'éducation populaire et la déréliction programmée des mouvements qui en ont fait la gloire. Sans un sursaut décisif, le monde pourrait bien s'enfoncer une nouvelle fois dans un chaos terrible. |
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28 octobre |
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