Diégèse




mercredi 18 septembre 2019



2019
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Vers le dehors 261



Noëmie Diégèse




Friche de la Belle de Mai - Marseille - 2013 Le Centre Pompidou à Paris en guise de conclusion.

S'agissant du regard, le Centre Pompidou agit en forme d'apothéose. Si l'on admet comme valide, provisoirement, la classification selon laquelle il y a les monuments où l'on se rend surtout pour ce qu'ils présentent à l'intérieur et ceux où l'on entre pour voir ce que l'on voit du dehors quand on est à l'intérieur, force est de constater que le Centre Pompidou déjoue cette classification. Ajoutons à cela que certains de ces monuments, de l'une ou de l'autre catégorie, fonctionnent évidemment comme des signaux urbains, sinon comme des signatures, devenant un des symboles des villes où ils sont implantés. S'agissant de Paris, la tour Eiffel en est évidemment le parangon.

Continuons d'ailleurs avec la tour Eiffel : on la voit de loin, on va la voir de près : c'est sa fonction monumentale identitaire. On achète un billet, on fait la queue, on monte sur la tour Eiffel. C'est sa fonction de belvédère. Malgré ses efforts publicitaires, la tour Montparnasse n'a jamais réussi à acquérir une fonction monumentale identitaire et sa fonction de belvédère, pourtant bien réelle, ne suscite pas le même engouement. S'agissant du Louvre, la Pyramide de Pei a renforcé la fonction identitaire du monument à l'architecture remaniée et assez banale. Cependant, ce pour quoi se pressent les foules à l'entrée de cette pyramide, c'est pour ce qu'il y a à l'intérieur, ne serait-ce que pour une Joconde entraperçue. Le visiteur malin sait pourtant que l'on a du Louvre de très jolies vues sur Paris et surtout sur la Seine et sur les ponts sur la Seine, qui vaudraient la visite à elles seules. Ces vues n'entrent cependant pas dans l'ordre des première priorités des visiteurs, même les plus éclairés.

Ce qui est particulier, rare et précieux avec le Centre Pompidou, c'est qu'il déjoue largement cette classification, par accumulation et déplacement. Au fil du temps, et dès avant son ouverture, il a acquis sans conteste la fonction monumentale identitaire accordée à quelques monuments emblématiques parisiens. On en connaît la silhouette, on peut choisir d'aller le voir sans y entrer. Mais, des gens, beaucoup de gens, font la queue pour y entrer et ce, pour aller voir d'abord ce qu'il y a à l'intérieur : pour aller y lire, et la queue sous des coursives malodorantes est à la fois impressionnante et pathétique ; pour voir des expositions, et la queue sous la pluie battante sur le parvis en pente n'en est pas moins pathétique, certains jours. Mais, le succès populaire du Centre Pompidou, jadis gratuit et désormais payant, tenait aussi aux escaliers mécaniques, à la fameuse « chenille » qui, dans une métaphore convaincante, permet une forme de « travelling » ascendant qui, jusqu'à la terrasse permet de découvrir en montant le sud ouest-parisien, une part du nord-est en descendant. Contemporain ou presque des passerelles du premier terminal de l'aéroport de Roissy, la « chenille » du Centre Pompidou, à elle seule, pourrait acquérir le statut d'œuvre interactive. Elle est désormais payante et ne fera plus le bonheur des adolescents qui, ne pensant entrer que pour faire un tour de « chenille » sont soudainement happés par autre chose qui pourra les animer le reste de leur vie et qu'ils finiront pas nommer « art ».









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4e de couverture



Il y a des lieux où l'on va pour voir ce qu'il y a à l'intérieur : les musées, les galeries d'art, les petits et grands magasins, et puis il y a des lieux où l'on va pour regarder le paysage, le panorama : les belvédères, la tour Montparnasse... Noëmie Diégèse inverse la proposition et photographie ce que l'on voit depuis les fenêtres des musées, des galeries, de grands magasins, puis l'intérieur des ascenseurs de la tour Montparnasse ou du téléférique de Toulon. L'idée lui en est venue, raconte-t-elle, en visitant un jour le musée Réattu d'Arles.

« De l'une des fenêtres, le Rhône semble infléchir son cours pour éviter le musée. Sa courbe est alors rude et douce à la fois. »

Voici un livre qui vous donnera envie de fréquenter les musées et les galeries et peu importe que ce soit, en fin de compte, pour regarder dehors.










18 septembre






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