Un
mois déjà
ou presque que la rentrée est faite et toujours cette envie furieuse de
partir en voyage vers
une des capitales
du rêve
mythologique : Prague, Venise, Vienne,
Turin. Turin surtout pour y suivre les pas de Nietzsche qui n'y avait
même plus le choix
de souffrir ou de ne pas souffrir et qui y vivait des extravagances ponctuées
de silence. Chaque jour, je me dis qu'il faut passer à autre chose,
partir pour écrire, pour écrire vraiment. Je cherche sur l'internet des
témoignages de personnes qui sont parties brusquement, me demandant
d'où leur venait l'idée
saugrenue de changer ainsi de vie.
On verra bien.
Je suis prêt à
accepter la responsabilité.
Certes, cela peut me mettre en danger. Mais, ce qui me mettrait
vraiment en danger, ce serait d'écrire sur moi. « Est
ce que le texte est autobiographique ? », me demande-t-on
souvent. Comme
je suis ce que j'écris, on ne sait rien de moi. De moi, le lecteur ne
sait rien,
ne sait vraiment rien, sinon, qu'un jour au
moins, j'ai été
amoureux et que sans doute, une fois au moins, j'ai vraiment fait
l'amour
et enfin, qu'une nuit au moins, ou un jour, j'ai pleuré, de peine
et de joie, et de déception aussi et encore de cette
tendresse folle qui ne se dira plus. S'agit-il de souvenirs, de
fictions venues du passé ? Je ne sais pas non plus. Je ne sais pas, et je
ne me demande pas et je n'appelle pas le passé et
je n'appelle pas le souvenir, sinon quelques nuits à se nouer et se dénouer
et reposer l'un sur l'autre, trouver le sommeil, se réveiller et
se rendormir. Pourquoi écrire cela puisque ces instants ne
seront plus jamais aussi parfaits qu'ils l'auront été au moment même où
je les vivais.
Le narrateur est donc un personnage et ses protagonistes aussi qui, pas
plus que lui, ne sont vraiment
en danger puisque le texte les
supporte.
C'est décidé,
je reste. |