Diégèse Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
mercredi 22 juin 2022



2022
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carnet de voyage de 2026
de Chéronnac à Limoges vers le Mont-Dore





Je ne sais revenir à Limoges sans m'arrêter longuement dans la gare des Bénédictins. La gare de Limoges est une gare imaginaire pour une ville imaginaire. La gare de Limoges est aussi une histoire française. Pour que le chemin de fer arrive à Limoges, il faut l'intervention de Louis-Napoléon Bonaparte lui-même. Si la construction d'une gare plus importante est prise, c'est que Sadi Carnot, le Président de la république a visité la ville et qu'il est natif de Limoges. On s'enorgueillit que l'architecte de la gare fut un jeune homme de 34 ans. C'est aussi qu'il était le fils d'un architecte de la Compagnie des chemins de fer d'Orléans. La gare de Limoges raconte une histoire de notables montés à Paris pour y défendre la cause des manufactures de porcelaine et de la puissante fédération des bouchers. C'est ainsi que se concevaient jusqu'à peu les élections législatives. Il s'agissait principalement d'envoyer à Paris un ambassadeur du local qui enverrait subsides et avantages à son territoire d'élection. La gloire était d'obtenir que cet ambassadeur gagnât un rôle national et, factuellement, à ce jeu-là, les villes du centre de la France n'ont pas mal réussi. Il pouvait ensuite décider du sort des projets qui propulseraient Limoges ou bien encore Brive-la-Gaillarde vers un avenir radieux. Cet enchevêtrement de jeux d'influence pendant des décennies aboutit à la création - et sans doute faudrait-il écrire l'invention  - de la gare de Limoges, qui prend des airs de cathédrale orthodoxe reconvertie en un temple de la modernité, déjà vieillot à peine fut-il achevé. L'adresse de cette cathédrale ferroviaire est place Maison Dieu, qui rappelle à qui le sait que l'emplacement était anciennement dévolu à une léproserie. Elle jouxte un grand jardin qui se nomme champ de juillet, sans doute du nom de l'une de ces révolutions de 1830 qui choisit le même mois que celle de 1789. Ce Champ de juillet-là est d'ailleurs aménagé par le jeune architecte de la gare, qui habitait non loin de là chez sa mère. Cette cathédrale, bien sûr, a ses vitraux, qui ne sont pas de simples verreries mais des merveilles de l'art nouveau. On les doit à un certain Francis Chigot, maître verrier de son état, qui sera le grand-père maternel d'Hubert Védrine, ce dernier tirant quelque fierté d'avoir une parenté avec les vitraux de la gare de Limoges. La plaque qui les désigne omet fort heureusement cette parenté, sa privant ainsi d'un ridicule avancé. On peut atteindre la gare sur pilotis par un escalier, certes moins imposant que celui de la gare Saint-Charles de Marseille, mais, on lui préfèrera les pentes douces en volutes qui offrent beaucoup de tranquillité.

Quand on se pose dans un gare pour y regarder vraiment, on voit tout autant de belles choses que des choses terribles. On peut imaginer les déchirements quand les jeunes hommes partaient pour le service militaire. On y côtoie la rouille de l'univers du travail tout autant que celui du tourisme. La plus petite partie du hall de gare est un carottage d'humanité. Il n'y a pas vraiment de voyage dans les gares. Il y a de l'attente, des retrouvailles, des solitudes empesées. Il y a toujours vertu à faire des promenades dans les lieux qui ne sont pas des lieux de promenade.










22 juin






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