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La Bourgogne est bien belle, terre d'eaux et de vins. Et le ciel
bourguignon est aussi bien beau, gonflé de gros nuages comme les
grappes qui murissent. Si j'avais eu plus de temps, si j'avais du
temps, si je me donnais du temps et si je me donnais le temps, j'aurais
pu suivre une cure thermale à Bourbon-Lancy. J'apprends que le nom de
ce gros bourg à quelques kilomètres d'une Loire encore jeune, mais déjà
forte, ne vient pas comme j'aurais pu le croire de la célèbre famille
royale, mais des boues, de la bourbe, ou de l'eau bouillonnante, comme
on peut retrouver la même racine dans le nom de la célèbre station
thermale de La Bourboule. On pouvait y trouver jadis des figures connues. C'est moins le cas aujourd'hui et on n'y vient pas pour la joie de la fête, ni les flon flon.
Certes, pour suivre une cure qui soigne les rhumatismes, et pour que ce
soit vraiment agréable, il faudrait, comme l'a fait en son temps la
reine de France, louer la station entière pour soi, ce que la sécurité
sociale, même avec une bonne mutuelle, ne permet pas. Je suis donc
resté sur mon vélo, ne me laissant pas désarçonner par le plaisir des eaux sulfureuses et sans doute ferrugineuses, continuant à pédaler tout le jour, ou presque, avec une pointe d'insouciance sous le soleil à proximité des bords du fleuve. Le temps était exquis aujourd'hui et cela tranchait avec les jours précédents où j'ai plusieurs fois été surpris par la pluie malgré les logiciels sophistiqués qui prédisent au quart d'heure près les risques d'averse. Ce sont les petits ennuis ordinaires des jours de pluie et ce n'est pas bien grave, car, je suis bien équipé. Il faut bien tenir. Et puis, j'ai de l'expérience désormais. Cependant, les jours qui viennent, je serai plus attentif, car, une fois mouillé, il faut se dépêcher d'arriver à l'hôtel et, le plus souvent, je vais dormir comme les poules sans aller faire un tour dans la ville-étape.
J'arrive le soir, maintenant que les jours sont longs, à mieux écrire
et surtout à écrire plus longtemps. J'explore l'imaginaire comme
concept, me disant que nous produisons ainsi chaque jour des fictions indécises et provisoires qui marquent
par là-même notre appartenance au mystère et que c'est aussi une façon d'inventer sa propre filiation.
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