Diégèse
Calendrier de vie de l'auteur en spirale d'Ulam
vendredi 30 août 2024




2024
ce travail est commencé depuis 9009 jours (32 x 7 x 11 x 13 jours)

et son auteur est en vie depuis 23462 jours (2 x 11731 jours)

ce qui représente 38,3983% de sa vie

mille deux cent quatre-vingt-sept semaines d'écriture
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L'atelier du texte
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table des narratrices et des narrateurs

les narratrices et les narrateurs du protocole d'écriture de 2024










jeudi 30 août 2001 précédemment 22 août 2024 Bernadette C'est un peu comme si mon écriture du 2 août précédait de quelques jours ce qui m'est arrivé aujourd'hui. J'ai été, encore une fois, traitée de « sale négresse ». Je ne sais pas si quelqu'un a pensé un jour faire la « fédération des sales quelque chose ». Le problème est qu'il faudrait quand même se limiter à celles et ceux les plus stigmatisés : les Noirs, les Arabes, les personnes racisées dans leur ensemble, les Juifs, les putes, les pédés. L'autre problème est que potentiellement, toute femme peut être traitée de « sale pute », mais aussi tout homme, qui peut à la fois être traité de « sale pute » et de « sale pédé », indifféremment. On admettra bien sûr les variantes habituelles comme « bougnoule », « tapiole », « youpin », « enculé », etc. La liste est bien fournie. Il faudrait alors pouvoir retourner la stigmatisation et l'insulte.

Qui était la personne qui m'a traitée ainsi ce matin à l'hôpital ? C'était un très jeune homme de quinze ou seize ans, de parents maghrébins, qui est né ici et qui vit ici depuis la naissance. Il a bien sûr de nombreux amis noirs et il s'est déjà fait traiter
de « sale arabe », y compris par des Arabes. Je le sais parce que je le lui ai demandé. Le plus triste ou le plus drôle selon la façon dont on voit les choses, c'est la raison pour laquelle il a proféré cette insulte. Je devais lui retirer un pansement sur la jambe et cela lui a fait une sorte d'épilation non sollicitée. Rien de bien sérieux. Il a donc proféré cette insulte comme s'il avait dit « aïe », par une sorte dé réflexe. Remarquons qu'il aurait tout aussi bien pu dire « sale pute », voire « sale gouine ». La collègue qui était avec moi a bondi et j'ai eu peur qu'elle lui assène une bonne gifle. Elle ne l'a pas fait, mais je n'ai pas laissé passer l'affaire. Nous avons eu une conversation. C'est un môme. Il s'est excusé et m'a supplié de ne pas le dire à sa mère. Je ne le lui ai donc pas dit. C'était pourtant facile, elle attendait dans le couloir.

Ces jeunes me navrent. Ils ont l'insulte à la bouche tout en haïssant l'insulte. Cela provoque des bagarres entre bandes, entre quartiers et ils nous arrivent éclopés, au mieux. Je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour déconstruire cela.








suite le : 11 septembre 2024










samedi 30 août 2003 précédemment 26 août 2024 Danièle Tout est organisé. Je pars le 4 septembre au soir. J'ai ma première classe en cabine individuelle. C'est évidemment une folie. J'ai demandé un prêt à ma banque. J'ai dit à ma conseillère que c'était pour faire des travaux chez moi. Elle a acquiescé d'un air entendu et compréhensif, ce qui n'aurait peut-être pas été la même chose si je lui avais dit que c'était pour partir à Venise en première classe et dormir au moins une nuit au Danieli dans une chambre avec un balcon sur la lagune. Cela d'ailleurs est moins sûr. C'est très demandé. Et tout compte fait, c'est un peu surfait. Je verrai. J'aimerais bien aussi que ce soit avec une vue sur le grand canal, par exemple en face de la fondation de Peggy Guggenheim. Mais je ne sais pas s'il y a un hôtel à cet endroit.

Ce voyage, je le sais, est un voyage de deuil. Aller à Venise seule, c'est accepter d'être seule, c'est l'admettre, c'est l'intégrer comme on dit aujourd'hui bien vilainement. Dans notre imaginaire, une femme qui va seule à Venise est aune pauvre femme seule. Un homme qui va seul à Venise, c'est autre chose. C'est parfois un aventurier. Moi je me placerai sous la protection subliminale de Peggy Guggenheim, qui était une femme seule très entourée.

Tu ne seras pas avec moi à Venise. Ou plutôt, tu ne seras pas à Venise avec moi. L'une ou l'autre phrase, avant Arenzano, m'aurait fait pleurer à l'écriture aussi bien qu'à la relecture. Aujourd'hui, elles sont factuelles. Tu ne seras ni avec moi, ni à Venise et donc pas à Venise avec moi. C'est comme ça.








suite le : 5 septembre 2024










mardi 30 août 2011 précédemment 18 août 2024 Laurence J'ai repeint mon cabinet et refait la décoration. Ce n'était pas vraiment nécessaire, mais cela m'a donné l'impression de refaire un nouveau départ. Je n'ai mis au mur que des reproductions de toiles abstraites, et notamment un Rothko que j'aime particulièrement. Parfois, certains patients s'attardent sur ce qui est accroché aux murs. J'ai retiré les livres le lendemain du jour où un patient m'a demandé si j'avais lu tous ces livres et si je pouvais lui prêter le livre qui traitait de son cas particulier. Non seulement, il y avait un franc malentendu sur le travail que nous avions engagé. Mais, en outre, je ne connais personne qui a lu tous les livres de sa bibliothèque. Je n'ai donc pas répondu à sa question et il n'est jamais revenu.

J'admets que je n'ai aucune pratique commerciale. Mais, je n'ai pas fait toutes ces années d'étude pour avoir des pratiques commerciales. Quand je vois les pharmaciens d'officine qui font des promotions sur les huiles solaires, j'ai toujours un peu pitié. Fort heureusement, nous n'avons pas encore de rayon dans nos cabinets avec des antidépresseurs, des anxiolytiques et autres somnifères. Comme certains patients nous considèrent comme des distributeurs de petites pilules variées, cela pourra venir. Il faudra ajouter le Viagra. C'est très important pour la santé mentale des mâles.

Mais je délire un peu. Ce doit être l'odeur de la peinture.

J'ai plusieurs rendez-vous la semaine prochaine. Les affaires reprennent.








suite le : 5 septembre 2024










jeudi 30 août 2012 précédemment 24 août 2024 Mathieu Le rendez-vous avec le propriétaire s'est bien passé. Il est vrai que mon appartement est impeccable... pour tout ce qui relève du locataire. Pour ce qui est de ce qui relève du propriétaire, c'est moins évident. Il m'a demandé de reboucher certains trous que j'ai faits pour accrocher des photos au mur. Je le ferai bien volontiers, mais je ne repeindrai pas.

J'ai donc aussi visité l'appartement de ma voisine. J'ai vraiment fantasmé grave. Elle n'est pas du tout partie en Corée. Elle a emménagé avec son copain à Brive-la-Gaillarde. Elle est partie vite parce qu'elle a trouvé un poste à Pôle-Emploi mais elle devait commencer avant la fin du mois d'août. C'est en tout cas ce qu'elle a dit au propriétaire, qui me l'a répété. Je vais donc garder les deux explications. Je sais bien qu'ils ne sont pas compatibles dans la réalité ou plutôt dans ce que les gens prennent pour être la réalité. En fait, il y a la réalité de la vie de cette jeune femme qui ne s'oppose en rien à la réalité de mon fantasme. Ce qui oppose les deux voyages de ma voisine n'est donc pas dans l'ordre de la réalité.

C'est un des premiers pas du chemin qu'il faut faire quand on veut aller vers la connaissance que de se débarrasser du principe de non-contradiction aristotélicien. Le bon Aristote a beau faire, jusqu'à jeter l'anathème sur ceux qui contredisent sa loi qui veut qu'il est impossible qu'une seule et même chose soit, et tout à la fois ne soit pas, à une même autre chose, sous le même rapport. Mais, ce serait une erreur de demeurer au niveau du concept quand il s'agit en fait d'aller vers et de s'installer dans la pratique.








suite le : 1er septembre 2024
30 août






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